Points de vue sur l'actualité

Souffrance au travail : les langues se délient

L'emballement médiatique a contribué à délier les langues sur un sujet, hier, tabou. Et les témoignages de délégués et salariés ont aussi donné de la consistance aux articles de presse. Le sujet semble avancer. Des discussions patronat-syndicat sur le harcèlement et la violence au travail vont enfin s'engager. L'engagement d'ouvrir une négociation dans les douze mois, avait été obtenu, à l'arraché, par la CFTC dans l'ANI sur le stress de juillet 2008. Mais ne voyant toujours rien venir, Jacques Voisin a dû rappeler cet engagement au patronat. Le MEDEF, l'UPA et la CGPME ont enfin réussi à caler leur calendrier. La première séance de discussion aura probablement lieu le 29 octobre. Joseph Thouvenel, secrétaire général adjoint confédéral, sera le chef de file CFTC, comme il l'avait été pour le stress. Dans le même temps, parlementaires et ministres se sont emparés du sujet. Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, auquel s'est joint le président de la commission des Affaires sociales, Pierre Méhaignerie, a reçu les représentants syndicaux (dont celui de la CFTC) de France Telecom, le 8 octobre, pour mieux appréhender le problème et lancer un groupe de travail sur la souffrance au travail. Le 15 octobre, Philippe Louis participera à la première réunion de ce groupe. Joseph Thouvenel, dans la foulée, interviendra sur ce même sujet lors d'une table ronde organisée en région Poitou-Charentes par l'UMP le 18. Le ministre du Travail n'est pas en reste : il exige l'ouverture de négociations sur le stress dans les entreprises de plus de 1 000 salariés. Si l'intention est louable, la manœuvre ne trompe personne, et en premier lieu la CFTC. Le blocage se situe bien du côté patronal qui, rappelons-le, avait refusé que soit inscrit dans l'ANI stress l'obligation ferme pour les branches et les entreprises de décliner cet accord. Qu'à cela ne tienne, Xavier Darcos publiera sur Internet la liste des entreprises qui ont ou non négocié. Pour sauver leur réputation, les entreprises feront peut-être alors l'effort nécessaire.