Points de vue sur l'actualité

Un emprunt, pour faire quoi ?

Il importera d'investir dans des secteurs traditionnels pour répondre aux besoins de nos concitoyens en termes de logements, d'infrastructures, vecteurs d'échanges, donc de croissance.

L'événement de la semaine – si l'on fait abstraction de notre Université d'été qui fut, de l'avis unanime, une extraordinaire réussite – est incontestablement le lancement par Nicolas Sarkozy, de la commission sur le grand emprunt national présidée par Alain Juppé et Michel Rocard. Je ne reviendrai pas sur cette aberration économique que constitue ce type d'emprunt, notamment en raison de son coût final. Le président de la République ayant décidé de lancer cet emprunt coûte que coûte, il importe aujourd'hui de se concentrer sur l'utilisation que le gouvernement fera des fonds collectés.

La CFTC ne peut que souscrire aux propos du chef de l'État lorsqu'il déclare que le grand emprunt doit être l'occasion de se projeter “ au-delà de l'horizon de la crise ” et financer “ les investissements les plus utiles dans une vision de long terme”. Mais, si cet emprunt doit permettre de relever le défi de l'économie de la connaissance, favoriser les investissements d'entreprises novatrices et exportatrices, et promouvoir les filières de demain, il ne faut pas perdre de vue que tous les salariés ne pourront pas, dès demain, exercer les nouveaux métiers qui seront nécessaires. Il importera donc d'investir aussi dans des secteurs traditionnels, comme le BTP, pour répondre aux besoins de nos concitoyens en termes de logements, mais aussi d'infrastructures, vecteurs d'échanges, donc de croissance. Il nous appartiendra, également, d'éviter trois écueils. D'abord, les aides devront être conformes aux directives européennes, sous peine de devoir, ensuite être remboursées comme cela s'est déjà produit. Ensuite, une instance d'évaluation devra être créée qui aura pour mission de contrôler le bon usage des fonds. Enfin, des mesures d'accompagnement devront être prises qui auront pour objectif de contraindre les producteurs d'automobiles, par exemple de fabriquer des modèles non polluants : je pense à l'interdiction des centres-villes aux véhicules roulant au gazole ou à l'essence. C'est une question de volonté politique.