Points de vue sur l'actualité

Salut public

Encore faut-il que tous les intérêts particuliers s'effacent devant le bien commun et que chaque acteur économique accepte d'assumer ses responsabilités, chacun à sa place.

Ainsi en a décidé le président de la République : la France lancera début 2010 un grand emprunt national pour financer les investissements à réaliser en priorité pour sortir notre pays de la crise. La cause est entendue : les expériences passées (Pinay en 1952, Giscard d'Estaing en 1972 et Balladur en 1993) montrent que c'est un non-sens économique et que ce type d'emprunt coûte très cher à l'État et au contribuable.

Mais symboliquement, psychologiquement et politiquement, le message adressé aux Français par Nicolas Sarkozy est fort : il cherche à montrer que, face aux conséquences de la crise, il n'entend pas rester les deux pieds dans le même sabot. Mais si l'heure est au salut public, encore faut-il que tous les intérêts particuliers s'effacent devant le bien commun et que chaque acteur économique accepte d'assumer ses responsabilités, chacun à sa place. C'est vrai de l'État qui aura des choix à faire, sans arrière-pensée politicienne en fonction de l'intérêt de tous ; c'est vrai des salariés et des demandeurs d'emploi, qui devront faire l'effort de se former aux emplois de demain, liés aux nouvelles technologies et au respect de l'environnement ; c'est vrai des entreprises qui devront proposer des emplois pérennes et de qualité, et des salaires qui permettent aux salariés et à leur famille de vivre décemment. Or, malgré la crise, les entreprises continuent de fuir leurs responsabilités sociales. Le MEDEF reproche aux salariés d'être des assistés, or, aujourd'hui, quelque 35 milliards d'exonération de cotisations sociales sur les bas salaires sont pris en charge par l'État – donc par les contribuables – en lieu et place des entreprises. La crise offre au chef de l'État l'occasion d'effectuer une révolution copernicienne en investissant dans l'homme, en plaçant les préoccupations sociales au cœur de l'économie en lieu et place de l'argent, et en privilégiant le long terme contre la rentabilité immédiate.