Points de vue sur l'actualité

L'amer Michelin

Après Continental, après Goodyear, l'industrie du pneu continue de vouloir quitter le territoire français pour des pays à moindres coûts. Des délocalisations larvées, profitant de la crise. Cette fois-ci, c'est un fleuron de notre industrie qui réduit la gomme : Michelin. Sous couvert de “ modernisation ” de la recherche et de “ spécialisation de certaines activités ”, le bibendum va supprimer 1 093 emplois dès 2010, avec la fermeture du site Sodomeca, dans le Nord, spécialisé dans les pneus de véhicules de luxe. Tout cela, bien entendu sans licenciement… “ La direction nous a précisé que s'il manquait de volontaires, elle procédera à des désignations, rapporte Jean-Luc Batisse-Dauquaire, délégué syndical central CFTC de Michelin. Que se passera-t-il si les salariés refusent les mutations internes contraintes et n'ont pas de possibilités de reclassement externe ? Ils seront licenciés comme 111 personnes l'ont été lors de la fermeture du site de Poitiers où Michelin déclarait "Zéro licenciement" ! ” Les salariés du site de Sodomeca doivent se poser sérieusement la question. Les autres aussi d'ailleurs, car la CFTC conteste les chiffres de la direction. “ Il faut compter les 700 emplois en CTP suite à la fermeture de l'usine Kleber à Toul en Meurthe-et-Moselle et ceux en aménagement de fin de carrière à Saint-Doulchard (Cher), ainsi que de 550 à 1 750 postes liés au différentiel entre les départs et les embauches prévues entre 2009 et 2011 ”, précise le délégué CFTC. Quant à la question des "pré-retraites", la CFTC adhère au concept, mais reste prudente puisque les conditions financières n'ont pas été précisées.