Points de vue sur l'actualité

À qui profite la valeur ajoutée ?

Jean-Philippe Cotis a rendu, le 11 mai 2009, son rapport sur “ le partage de la valeur ajoutée et des profits ”. Le suspense aura duré trop longtemps. Les termes du débat étant jusqu'à présent évités ou mal posés : les arguments des uns et des autres ne s'appuyant sur aucun chiffre commun ni même sérieux. Le rapport était très attendu tant dans le camp des organisations syndicales que patronal. Car derrière le thème de la valeur ajoutée se cache bien sûr la question des salaires, du pouvoir d'achat et des inégalités de rémunération qui se font de plus en plus jour. Nicolas Sarkozy avait dû passer commande de ce rapport au directeur général de l'INSEE, lors du sommet social du 18 février, devant l'insistance des organisations syndicales à prendre à bras le corps la question d'un meilleur partage des richesses. La polémique sur les rémunérations des banquiers et des grands dirigeants battait alors son plein. Le rapport fait clairement ressortir deux vérités. Les profits vont à 36 % aux détenteurs du capital, pour seulement 7 % aux salariés – 57 % étant consacrés à l'investissement et, éventuellement, à l'accroissement du matelas de trésorerie. Et les dividendes constituent la composante la plus dynamique (celle dont la croissance est la plus forte) des revenus distribués. Dividendes nets en 2007, 16 % de l'excédent brut d'exploitation contre seulement 7 % en 1993. Autre vérité : si la croissance des salaires nets depuis vingt ans est extrêmement faible, le 0,1 % les mieux rémunérés ont connu, eux, une très forte progression sur la même période. Les revenus des 1,01 % des ménages les plus riches ayant progressés de 42,6 % entre 1998 et 2005, pour seulement 4,6 % pour les 90 % des ménages les moins riches. Autant dire que les choses sont claires. Nul n'ira maintenant contredire les chiffres avancés dans le rapport.