Points de vue sur l'actualité

Si la santé a un coût elle n'a pas de prix

L'opposition se cristallise sur le projet de loi “ Hôpital, patients, santé, territoires ” (HPST) qui doit maintenant être examiné au Sénat à partir du 11 mai. La manifestation du 28 avril pour la défense de l'hôpital public a démontré un large consensus autour du rejet de ce texte, l'accès et la qualité des soins étant durement remis en cause par le projet de loi. La CFTC regrette que les dispositions sur la gouvernance soient aussi déconnectées de l'organisation médicale. Le texte va renforcer le pouvoir du directeur avec le risque que la voix des médecins ne soit pas entendue, notamment sur l'élaboration du projet médical d'établissement. La Fédération Santé Sociaux de la CFTC est très préoccupée par cette nouvelle gouvernance calquée sur le modèle de l'entreprise. Son secrétaire général, Michel Rollo, souligne que “ si la santé est une richesse, derrière sa détérioration c'est avant tout une souffrance humaine qui ne peut se monnayer ni se transformer en un produit marchand ! Ne vaut-il pas mieux doter l'hôpital en moyens, plutôt que de restreindre l'égalité des soins pour tous ? ”. La CFTC craint que le directeur ''patron'' pense d'abord réduction des coûts et le personnel comme une variable d'ajustement. Pascale Coton, secrétaire générale adjointe confédérale en charge de la protection sociale rappelle que pour la CFTC “ le principe d'égalité des soins doit rester le fondement de la solidarité nationale qui fonde notre système de protection sociale. Nous devons absolument veiller à la garantie pour chaque individu de soins de qualité et accessible à tous au même titre que le droit à l'éducation ou au logement ”. La CFTC s'oppose à cette logique du résultat où les premières victimes seront les salariés avec des suppressions massives et injustifiées de postes d'infirmiers et d'aides-soignants. Comme l'illustre d'ailleurs la suppression annoncée de 900 postes pour l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). La CFTC n'est pas contre le principe d'une réorganisation pour améliorer la prise en charge des patients, mais pas aux dépens de la qualité des soins. Si la santé a un coût, elle n'a pas de prix ! “ En ces temps de crise est-il opportun de s'attaquer aux emplois et d'aggraver les conditions et la précarité du personnel soignant déjà largement submergé par la demande de soins ? ”, se demande Pascale Coton.