Points de vue sur l'actualité

Retour de boomerang

À deux reprises, des salariés qui ont séquestré leur patron ont obtenu gain de cause. Pourquoi ne pas avoir commencé par s'asseoir autour d'une table ?

Séquestration, blocage d'usine, projectiles, tabassage d'effigies… Les actes de violence, réels ou symboliques, se multiplient à l'égard du patronat, révélateurs d'un climat social délétère et qui va se dégradant. Peut-on soutenir ce type d'action ? Disons-le d'emblée : rien ne peut justifier que l'on s'en prenne impunément aux personnes et aux biens ! La vie en société requiert que les règles du vivre-ensemble soient respectées par tous. On peut cependant comprendre que des salariés retournent la violence dont ils sont victimes depuis près de trente ans contre ceux qui, à leurs yeux, en sont responsables. Il est surprenant de voir des personnalités politiques et les représentants du patronat s'insurger contre les séquestrations, alors que pendant trente ans, ils n'ont guère dénoncé cette autre forme de violence que constituent le chômage, la baisse du pouvoir d'achat, la dégradation des conditions de travail et de vie. Parfois, ils les ont justifiés au nom de la compétitivité des entreprises. Parfois, ils s'en sont même rendus complices. Personne n'a rien dit, non plus, contre cette violence que constitue la trahison de la parole donnée, comme chez Continental à Clairoix. La violence est une maladie contagieuse. Or, le meilleur moyen de lutter contre demeure la prévention. Tout doit être mis en œuvre pour éviter sa propagation à l'ensemble de la société, à commencer par un dialogue social honnête, franc, transparent, une écoute sincère et la volonté de trouver ensemble la solution la plus équitable, avant d'atteindre le point de non retour au-delà duquel la violence – qui est constitutive des sociétés humaines – apparaît être la seule solution pour se faire entendre. À deux reprises, des salariés qui ont séquestré leur patron ont obtenu gain de cause : une augmentation de leurs indemnités dans un cas ; un allègement de leur plan social, dans l'autre. Pourquoi ne pas avoir commencé par s'asseoir autour d'une table ? C'est la raison d'être de la CFTC, c'est ce qui justifie son action syndicale. À la RATP, cela s'appelle l'alarme sociale : pourquoi ne pas étendre ce principe à toutes les entreprises ?