Points de vue sur l'actualité

Abus de bonus : par pure gourmandise

Ils ne passeront plus par la case “ bonus ” ou “ stock-options ” et ne toucheront plus de tels attributs de rémunération, en cas de plan social. Le “ concept ” est à la mode. Surtout en période de crise. Mais ne plaît pas à tout le monde. L'idée d'encadrer la rémunération a fait ses preuves aux Pays-Bas notamment et est en passe d'être expérimenté en Allemagne. Mais bizarrement elle a du mal à passer en France. Le patronat freine des quatre fers. Laurence Parisot a bien essayé avec son code éthique. Mais elle s'avoue aujourd'hui impuissante à changer les mentalités. Elle assure “ ne pas pouvoir fixer la rémunération des dirigeants ”, d'en avoir “ ni les moyens ni le désir ”. Le chef de l'État s'était employé à faire avancer l'idée en début de crise. Puis le 18 février dernier lorsqu'il avait redonné la consigne aux dirigeants de renoncer à leurs bonus “ lorsqu'ils recourent massivement au chômage partiel ou décident un licenciement économique d'ampleur ”. Y'a qu'à-faut qu'on. L'idée refait surface alors que trois dirigeants de la Société générale, la semaine dernière, ont voulu toucher leur (grosse) part du gâteau. Ils se sont finalement mis au régime. Ordre du médecin Christine Lagarde. Les dirigeants ont consenti “ à les convertir en actions tant que la banque bénéficiera de l'appui de l'État (le premier versement s'établit à 1,7 milliard d'euros) ”. Pour sauver la face, le gouvernement presse le Medef. Il lui demande de s'atteler à “ définir un dispositif opérationnel d'encadrement de la rémunération des dirigeants en temps de crise ” avant le 31 mars. Et Nicolas Sarkozy vient d'en rajouter une couche, depuis la réunion préparatoire au G20 à Bruxelles en déclarant en substance que les bonus et les plans de stocks-options étaient “ inadmissibles ” pour les dirigeants des entreprises bénéficiant d'un plan social ou d'aides publiques. La mesure serait symbolique en ces temps de crise. Symboliquement “ juste ”, pour reprendre le slogan de la campagne de communication du gouvernement lancée la veille du 19 mars. Elle rétablirait un semblant de justice sociale car les salariés eux n'arrivent plus à joindre les deux bouts.