Points de vue sur l'actualité

Une revendication de plus

On est encore loin d'une véritable réforme de la gouvernance des entreprises, mais le fait de reconnaître la participation des salariés lui confère une légitimité certaine.

Lors du prochain sommet social européen des 19 et 20 mars, l'Europe jouera en même temps sa crédibilité aux yeux des travailleurs et son avenir. De sa capacité à saisir le taureau par les cornes, de son aptitude à élaborer un plan de relance coordonné et de sa volonté de mieux prendre en compte la dimension sociale dépendra, en effet, l'adhésion du monde du travail à la construction européenne. Jusqu'à ce jour, face à la crise, c'est plutôt l'absence de cohérence qui a prévalu, ouvrant la porte au repli sur soi et au sauve-qui-peut national. Dans ce contexte, on ne peut que saluer le rapport adopté par le Parlement européen sur la société privée européenne après consultation des partenaires sociaux : une démarche que la Commission n'avait pas jugée utile d'entreprendre avant la rédaction du texte soumis au Parlement. Ce rapport reprend la nécessité de respecter les conditions relatives à la participation des salariés de l'État membre où la société est enregistrée : une disposition d'emblée écartée par la Commission. Le Parlement, qui est l'émanation du suffrage universel, montre ainsi son attachement aux préoccupations qui remontent de la base et à la justice sociale. Certes, on est encore loin d'une véritable réforme de la gouvernance des entreprises, mais le fait de reconnaître la participation des salariés lui confère une légitimité certaine. La décision, par exemple, de Continental de fermer son site de Clairoix, sans respecter les procédures, montrent qu'il est temps de renouer avec les principes fondateurs de la participation. Pour la CFTC, l'exigence est triple : participation financière, participation aux orientations stratégiques de l'entreprise, notamment pour préserver ce bien commun que représente l'outil de travail, mais aussi participation pour améliorer la qualité de vie dans et hors de l'entreprise, conformément au Statut du travailleur. Une revendication supplémentaire que nous porterons le 19 mars. Car ce mouvement est aussi l'occasion, pour les militants CFTC, d'avancer des propositions afin de sortir de la crise par le haut.