Points de vue sur l'actualité

L'autre rupture

La rupture consisterait à en finir avec la logique comptable, en se donnant les moyens de sortir de la crise par le haut.

Face à la gravité de la situation, l'heure à la rupture. Rupture avec le capitalisme financier et ses dérives, rupture avec l'égoïsme des entreprises et du chacun pour soi, rupture avec les pratiques économiques et sociales qui ont prévalu jusqu'à aujourd'hui et qui nous ont mené à cette situation inacceptable. Seule cette rupture, que la CFTC appelle de ses vœux depuis longtemps, peut nous permettre de gripper, puis de casser, la machine à exclure qui ne cesse de frapper. Dernier exemple en date : l'augmentation de 4,3 % du nombre de chômeurs en janvier. Au cours des six derniers, ce sont près de trois cent mille personnes qui sont venus gonfler les rangs des demandeurs d'emploi. Et ce n'est pas fini si l'on en croit le secrétaire d'État à l'Emploi, qui n'hésite plus à prévoir une nouvelle dégradation de l'emploi au cours des prochains mois. Selon l'Observatoire français des conjonctures économiques, pour stabiliser le chômage, le gouvernement aurait dû injecter quatre fois plus d'euros dans l'économie que ce qu'il a injecté. Il faut en finir avec la logique comptable, en se donnant les moyens de sortir de la crise par le haut, en mettant en œuvre des mesures cohérentes qui permettraient de sauver les emplois, d'indemniser dignement tous les chômeurs même ceux en fin droit, puis de les accompagner vers le retour à l'emploi par la formation, notamment, de relancer l'investissement productif. La rupture, ce serait aussi de créer les conditions d'un véritable dialogue social. Je suis frappé de voir qu'en Guadeloupe on semble se diriger vers un accord qui satisferait les revendications émises dès l'origine du mouvement social. Les tergiversations du gouvernement, qui a d'abord cherché à laisser pourrir la situation, et l'intransigeance du patronat, cramponné à ses positions ont créé les conditions d'un conflit dur, long et qui laissera des traces. Un dialogue social constructif, engagé rapidement sur des bases saines, et exempt d'arrière-pensées aurait permis d'éviter l'enlisement. La rupture ce serait, enfin, de remettre l'homme au centre de l'économie.