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Catastrophe AZF : l'indélébile cicatrice

Le procès en correctionnelle d'AZF s'est ouvert à Toulouse le 23 février 2009. Il devra déterminer si l'accident fait suite à une éventuelle négligence. Bon nombre des expertises menées durant l'enquête n'ont pu confirmer avec certitude la cause de la catastrophe. Une chose est sûre : le procès ne pourra refermer la cicatrice laissée à la ville et aux Toulousains. Le 21 septembre 2001 à 10h17 l'explosion de l'usine AZF à Toulouse souffle tout sur son passage dans un rayon de six cents mètres.

Les salariés et les habitants paient un lourd tribut : 30 morts dont 21 salariés, 4 500 blessés. L'établissement appartenant à Grande Paroisse, filiale au groupe TotalFinaElf, fait l'objet de contrôles très stricts car soumis à la réglementation des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) et à ce titre classé “ Seveso II seuil haut ”. À l'époque des faits, l'usine était “ certifiée ISO 9002 depuis plus de dix ans et était le premier site de la chimie du groupe à avoir une certification ISO 14001, critère reconnu de performance environnementale ”, selon le groupe Total et le syndicat CFTC du groupe qui confirme cette information. Au-delà de la détermination des responsabilités, de l'entreprise, des sous-traitants présents sur le site, et/ou de la thèse de l'accident au chlore, le procès relance les interrogations et les craintes autour du risque industriel. “ Près d'un millier de procès verbaux pour infraction sont dressés chaque année à ce type de sites classés à risque, et une soixantaine d'unités jugées trop dangereuses ont été fermées en 2008 ”, c'est encore trop selon Pierre-Yves Montéléon, responsable santé au travail confédéral CFTC.

Et d'ajouter : “ Cette catastrophe est l'occasion de rappeler une nouvelle fois que les CHSCT sont là pour veiller à ce que tous les principes de prévention des risques professionnels soient bien appliqués ; la réglementation suivie à la lettre ”. Ces activités industrielles dangereuses sont intrinsèquement risquées. Malgré toutes les précautions d'usage, le risque zéro n'existe pas. “ Pour les familles des victimes la vérité doit être faite, car AZF est une cicatrice indélébile ”, souligne Jean Alessandri, coordinateur des syndicats CFTC du groupe Total appuyé par la Fédération CMTE-CFTC.