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Outre-mer

La situation se tend dans les départements et régions d'Outre-mer. Après la Guadeloupe, ce sont la Martinique et la Réunion qui se mobilisent. Les militants CFTC sur place, auxquels la Confédération apporte son soutien, témoignent.

La Guadeloupe sans doute

La situation se tend dans les départements et régions d'Outre-mer. Après la Guadeloupe, ce sont la Martinique et la Réunion qui se mobilisent. Les militants CFTC sur place, auxquels la Confédération apporte son soutien, témoignent.

“ Un syndicat qui se réclame de la morale sociale chrétienne, qui affiche, "La Vie à défendre" ne peut pas se tenir à l'écart du LKP. ” Séverine Noyer, présidente de l'union départementale et régionale CFTC de la Guadeloupe, annonce la couleur. Elle représente la CFTC au sein du collectif de quarante-six membres dénommé LKP (Lyannaj Kont Pwofitasyions Pou Détotyé la Gwadloup) qui gère la grève générale depuis cinq semaines. La force de cet ensemble est de parler d'une seule voix, forte et représentative. “ Toutes les forces vives de la région se sont enfin unies, explique Séverine Noyer. Nous avons pour but d'exposer les abus d'ordre économique, social, culturel, éducatif et surtout d'obtenir des réponses et des redressements. ” La situation sur place est déplorable et explique aisément la grogne. “ L'État a laissé faire, il n'y a eu aucun contrôle des prix dénonce la militante CFTC de l'enseignement privé. Les monopoles sont légion, la vie est extrêmement chère par rapport à la Métropole. ” Les faux pas du gouvernement et la venue improductive d'Yves Jégo ne permettent pas de voir une issue rapide à la crise. Pas plus que les médias nationaux. “ Alors qu'un accord était en vue il a fui comme un voleur, regrette Séverine Noyer. De son côté, Nicolas Sarkozy n'a pas encore pris la mesure du désastre. La politique gouvernementale est absurde pour les départements d'Outre-mer. ”

Né un 5 février…

Assez peu relayée par les médias nationaux, la situation en Martinique n'est pas meilleure qu'en Guadeloupe. Loin de là. En cause, la vie chère et la précarité associée. Comme en Guadeloupe, le taux de pauvreté des ménages est deux fois plus élevé qu'en Métropole. Le chômage est lui aussi bien plus important. Les équipes CFTC sur place, au sein du “ collectif du 5 février ”, cherchent à encadrer la profonde grogne pour obtenir des avancées significatives et éviter les dérapages. Mais tant que des mesures importantes ne seront pas prises le risque d'explosion sociale sera fort. “ Les gens ont faim, les gens ont soif, les banques sont fermées raconte Pierre Luber, secrétaire général adjoint de l'union départementale CFTC de Martinique. Ce sont les grands patrons qui mettent la main sur tout ; il n'y a plus de concurrence dans la distribution. ” Certains prix dans l'alimentation ont doublé depuis quelques mois, rendant la tâche ardue aux familles et particulièrement aux personnes en situation de précarité. Le prix de l'essence est presque en constante hausse, même quand le baril chute à New-York. “ Il ne faut pas tout demander à l'État, tance Pierre Luber. C'est à la grande distribution de faire des efforts. Lors de réunions à la Préfecture, ils nous ont proposé une baisse des prix de 20 % sur une centaine d'articles. Nous demandons que cette baisse concerne au moins trois ou quatre fois plus de produits et qu'elle soit plus conséquente. ” Le responsable CFTC craint que le ras-le-bol général ne grandisse et explose. “ Je ne vois pas de solution venir, regrette-t-il. Et comme en Martinique ça bouge très vite… ”