Points de vue sur l'actualité

Pourquoi la CFTC était dans la rue

La CFTC était dans la rue, le 29 janvier, à Paris et dans l'ensemble des grandes villes de France pour tirer le signal d'alarme. Pour dire au gouvernement de reconsidérer sa politique de réformes et lui demander d'organiser rapidement une rencontre tripartite.

Tirer le signal d'alarme: les travailleurs du privé comme du public et leur famille sont inquiets de la tournure que prend la crise.

De crise économique, elle est en train de se transformer en crise sociale et, demain, peut-être en crise politique.

C'est pour arrêter cet engrenage que nous sommes là !

Les salariés subissent une double peine: hier, ils ont été les victimes d'un système financier fondé sur la rentabilité immédiate; ils ont dû accepter la dégradation de leurs conditions de travail, un blocage de leurs salaires, des suppressions de postes, des restructurations, des délocalisations, une baisse de l'investissement productif... pour permettre aux actionnaires d'engranger des dividendes.   Double peine, parce qu'ils sont, aujourd'hui, les premiers à en payer le prix à nouveau en termes d'emploi et de pouvoir d'achat.

De leur côté, les agents des Fonctions publiques n'acceptent pas, à juste titre, la réforme de l'Etat telle qu'elle est mise en œuvre en se fondant uniquement sur des considérations budgétaires.

Le gouvernement et le patronat doivent prendre conscience de la gravité de la situation.

Pour lui, il faut continuer les réformes engagées depuis 2007, alors que le contexte a changé. Avec la crise, ces réformes se révèlent injustes. Et de quelles réformes parle-t-il? L'essentiel des engagements pris durant la campagne électoral de 2007 ayant été mené à bien.

Les travailleurs perçoivent le plan de sauvetage du système bancaire et le plan de relance comme autant de cadeaux faits aux banques, responsables de la crise, et aux grandes entreprises qui continuent à verser des dividendes colossaux à leurs actionnaires alors que dans le même temps des emplois sont supprimés et qu'on leur demande de faire une croix sur des augmentations de salaires.

Cette incompréhension pourrait être levée si le plan de relance était à la hauteur du plan de sauvetage des banques (26 milliards contre près de 400 milliards) et s'il se tournait vers les petites entreprises qui constituent l'essentiel de notre tissu économique.

Nous demandons, donc, au gouvernement d'organiser de toute urgence une rencontre tripartite (Etat, syndicat et organisations patronales) pour prendre les mesures qui s'imposent afin de lutter efficacement contre la crise, sur la base de la plateforme commune rédigée par l'intersyndicale.

Ces mesures doivent être de deux ordres: de court terme pour parer au plus pressé, afin d'assurer le maintien et la protection de l'emploi, et éviter que la France ne s'enfonce dans la crise (la CFTC proposera une relance par la consommation par une baisse de la TVA pour redonner du pouvoir d'achat aux travailleurs). Il faut également discuter de mesures de long terme pour préparer l'avenir et faire en sorte que la France sorte durablement de la crise: je pense à une relance par l'investissement sans a priori quant au mode de financement.

Nous souhaitons que cette réunion tripartite se fasse dans la confiance, sans préjugés ni présupposés idéologiques, que chacun prenne ses responsabilités et avance les propositions les plus innovantes.   Il ne s'agit pas de mettre des rustines aux roues d'un vélo usé jusqu'à la corde ni de changer de roue, mais de changer de vélo.

La CFTC n'est pas dans la rue aujourd'hui pour appeler au grand soir, mais pour attirer l'attention du gouvernement, car si rien n'est fait, la crise risque de devenir une crise politique... Ce serait la pire des choses qui puisse arriver.