Points de vue sur l'actualité

Le paradoxe européen

Les projets de loi se succèdent pour inciter nos concitoyens à “ travailler plus ” alors que dans le même temps, le chômage grimpe. Il y a, là, une contradiction.

Travail du dimanche, remise en cause des 35 heures et des RTT, possibilité pour les salariés de travailler jusqu'à 70 ans, suppression des préretraites… les projets de loi se succèdent pour inciter nos concitoyens à “ travailler plus ” évidemment “ pour gagner plus ”. Alors que, dans le même temps, de nombreuses entreprises ont recours au chômage partiel, que le taux de chômage est de nouveau passé au-dessus du seuil symbolique des deux millions de personnes et que, sans vouloir jouer les oiseaux de mauvais augure, l'année 2009 ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices du fait des répercussions de la crise financière sur l'activité économique. Il y a, là, une contradiction que je ne parviens pas à m'expliquer entre l'action gouvernementale et la réalité constatée chaque jour. Une contradiction qui n'est pas propre à notre pays : le Parlement européen doit, en effet, se prononcer ce 17 décembre sur la révision de la directive sur l'aménagement du temps de travail qui règlemente la durée du travail dans l'Union européenne. Le premier texte, adopté en 1993, étant jugé par le Conseil trop protecteur pour les salariés, les gouvernements se sont mis d'accord pour le réformer. Les principales orientations prévues posent problème dans la mesure où le nouveau texte, s'il est adopté en l'état, constitue une régression sociale : il sera, notamment, possible pour les employeurs de convenir individuellement, avec chaque salarié, de son temps de travail sans tenir compte de la limite légale fixée à 48 heures par semaine. C'est pourquoi, avec la CES, la CFTC appelle à manifester le 16 décembre devant le Parlement européen de Strasbourg contre la nouvelle rédaction de cette directive. Il est plus important pour l'avenir de la construction européenne de dépenser son énergie à la mise en place d'un plan de relance économique coordonné à l'échelon européen de manière à répondre de façon efficace à la gravité de la crise. C'est aussi le meilleur moyen d'éviter un nouveau rejet de l'Union par les citoyens lors des prochaines élections européennes.