Points de vue sur l'actualité

Repenser la gouvernance des entreprises

La CFTC est outrée des propos du directeur général d'Arcelor Mittal France selon lesquels le groupe “ ne peut pas priver ses actionnaires de dividende ” sous prétexte qu'ils auraient “ perdu de 70 % à 80 % de la valeur de leur investissement ”. Mais pouvait-il dire autre chose, au risque d'être démissionné par les actionnaires ou de voir ces mêmes actionnaires déserter l'entreprise ? Pour la CFTC, la crise révèle que la Bourse a perdu sa raison d'être, qui est de financer les entreprises, et qu'elle s'est transformée, peu à peu, en casino. Dans ce contexte, il n'est pas anormal que les actionnaires qui ont joué, et ont perdu, en assument les conséquences financières. La CFTC estime que la rémunération des actionnaires doit résulter de leur contribution effective au développement de l'entreprise et non d'un droit de propriété devenu fictif dans la mesure où les fonds peuvent, du jour au lendemain, se porter sur une autre entreprise plus rentable. Pour y parvenir, cela implique de rompre avec la priorité accordée à la création de valeur pour l'actionnaire et la mise en concurrence des salariés à travers le monde. Aujourd'hui en France, 1 400 salariés d'Arcelor Mittal vont continuer de subir les conséquences de cette évolution qui n'a rien à voir avec la crise. Après avoir vu, pendant plusieurs années, leurs salaires stagner au profit des dividendes versés aux actionnaires, ils vont désormais perdre leur emploi. Il en est de même dans le secteur de l'automobile où les salariés subissent les conséquences de stratégies d'entreprises ne correspondant pas aux attentes du marché. À plusieurs reprises, la CFTC a mis l'accent sur la nécessité de répartir les gains de productivité entre salaires, dividendes et investissement, une proposition reprise par le président de la République début janvier 2008 et rappelée à plusieurs reprises depuis. Face aux plans sociaux qui se multiplient, la CFTC juge nécessaire le renforcement du rôle de l'administration du travail, et la mise en place d'une nouvelle gouvernance dans les entreprises. La présence de représentants des salariés dans les instances de décisions des entreprises, maintes fois revendiquée par la CFTC, devient, aujourd'hui, une nécessité ; eux-seuls, en effet, semblent capables de prendre en compte la sauvegarde de ce bien commun que constitue l'entreprise.

Communiqué du 10 décembre 2008.