Points de vue sur l'actualitéPlan de relance : un plan nécessaire, mais des mesures insuffisantesLa gravité de la situation économique nécessitait un plan de relance de grande ampleur, contenant des mesures de court terme pour répondre à l'urgence de la situation et d'autres de long terme pour sortir durablement de la récession. Pour plus d'efficacité, ce plan devait également être coordonné à l'échelon européen. Le plan de relance présenté le 4 décembre par Nicolas Sarkozy ne répond pas complètement à ces attentes. Bien que la CFTC approuve la mesure destinée à soulager la trésorerie des entreprises, elle craint que, globalement, ce plan n'ait que peu d'effets immédiats sur la croissance et l'emploi. Les autres mesures manquent d'envergure. Pour la CFTC, des baisses ciblées de TVA sur les produits de première nécessité aurait été préférables aux allègements de cotisations sociales, mesure qui n'a jamais été évaluée de façon satisfaisante ni entièrement compensée, faisant endosser à la protection sociale une partie du financement qui incombe à l'Etat. Cette mesure, qui risque de créer un effet d'aubaine, dédouane les entreprises de leurs responsabilités sociales, favorise les emplois peu qualifiés, précaires et sous-payés au détriment des emplois stables et de qualité. Pour la CFTC, ces exonérations doivent n'être accordées qu'aux embauches en CDI. La CFTC approuve la prime à la casse de 1 000 euros pour favoriser la relance de l'activité dans l'automobile, mais craint que les effets soient limités. Par ailleurs, une fois encore, on fait porter aux salariés et aux contribuables les erreurs de stratégie des entreprises du secteur qui ont fabriqué des modèles sans tenir compte de la demande. Pour la CFTC, l'automobile risque de connaître, aujourd'hui, les mêmes problèmes que la sidérurgie dans les années 1970. La CFTC estime préjudiciable qu'aucune stratégie soit envisagée en faveur de la recherche et de l'innovation dans des secteurs porteurs d'avenir. Si le versement d'une prime de 200 euros aux plus démunis est une mesure de justice sociale immédiate, la CFTC regrette qu'elle n'intervienne pas avant avril 2009 et qu'elle ne soit que ponctuelle. Elle aurait préféré que le montant de la prime soit plus élevé et que son versement soit répété dans le temps. Concernant les mesures de long terme, la CFTC soutient la politique de grands travaux en faveur des infrastructures et le doublement du prêt à taux zéro pour relancer le bâtiment. Elle souligne, cependant, que ces mesures n'auront pas d'effets immédiats, et regrette la faiblesse des sommes que l'Etat, les entreprises publiques et les collectivités locales envisagent d'y consacrer, révélatrices du manque d'ambition de ce plan de relance. La CFTC regrette que, prisonnier de l'idéologie économique ambiante, le gouvernement n'ait pas osé aller plus loin en matière de financement. Dans le contexte actuel, seul un plus large déficit peut aider la relance. La CFTC préconise que son financement soit assuré par l'émission d'obligations garanties par l'Etat pour réorienter la grande capacité d'épargne des Français. La CFTC regrette, enfin, l'absence de coordination à l'échelon européen, où l'on voit les Etats membre de l'UE agir en fonction de leurs propres intérêts particuliers. Le sommet européen de la mi-décembre devrait être la dernière occasion pour le chef de l'Etat de laisser son empreinte dans l'histoire de la construction européenne en prônant la coordination et en jetant les bases d'un plan de relance européen concerté, aidé par la baisse historique des taux européens. |