Points de vue sur l'actualité

Affaire De Filippis : la liberté de la presse menottée !

“ L'arrestation musclée avec fouille au corps pour une simple suspicion de délit de diffamation, dont a été victime, le 28 novembre 2008 dernier, Vittorio De Filippis, journaliste à Libération, a toutes les allures du mauvais remake d'un film de Costa-Gavras, cinéaste spécialisé dans la stigmatisation des régimes totalitaires ”, s'est émue l'intersyndicale des journalistes. À l'initiative de cette réaction commune à la profession : le syndicat des journalistes CFTC. Ce type de procédure serait-il devenu normal ? “ On croyait révolu le temps où le ministre de l'Information validait le texte du journal télévisé : il n'en est rien ”, dénoncent d'une seule voix les journalistes. Et de poursuivre : “ Au lieu de constituer une force au sein de notre démocratie, la liberté de la presse semble être considérée comme un fléau. Toutes les intimidations sont bonnes pour dissuader les journalistes de faire leur travail. ” L'intersyndicale condamne “ cette nouvelle atteinte à la liberté de la presse qui constitue une suite logique des propos tenus depuis plus d'un an par les hautes autorités de l'État et des réformes engagées ou envisagées, qui ne présage rien de bon pour la démocratie et les citoyens ”. Par ailleurs, l'intersyndicale des journalistes accueille avec méfiance la dépénalisation de la diffamation proposée par Nicolas Sarkozy, qu'elle assimile à un camouflage pour “ une destruction pure et simple de la loi de 1881 sur la liberté de la presse. ” À l'appel de l'intersyndicale, près de trois cents personnes se sont rassemblées, de manière symbolique, devant le Palais de justice à Paris, le 5 décembre, afin que cette affaire ne soit plus qu'un mauvais souvenir.