Points de vue sur l'actualité

Ça n'arrive pas qu'aux autres

À 35 ans, Jérôme Traoré, jeune cadre et responsable administratif, a l'avenir devant lui. En mai dernier, il vient même d'être débauché par une PME. Mais au bout de deux mois, il déchante. Un matin alors qu'il se rend au travail, une barre de fer bloque l'accès à l'ensemble des bureaux. L'entreprise qui vient de le recruter est aux abonnés absents. Pas d'explication. Jérôme reçoit, comme la quinzaine d'autres salariés, la même lettre de licenciement pour faute professionnelle. Le personnel de la petite entreprise parisienne de BTP a visiblement à faire à un patron-voyou. Jérôme était loin de se douter qu'une telle mésaventure pouvait lui arriver. S'en suivent les salaires impayés... “ J'ai eu la chance de connaître un militant CFTC par un ami commun. Il m'a aidé dans toutes les démarches à suivre, m'a reçu à plusieurs reprises pour monter mon dossier ”, raconte Jérôme. “ J'avais bien un avocat pour mes affaires civiles, mais personne maîtrisant parfaitement le fonctionnement des prud'hommes ”, poursuit- il. Simon Denis défenseur prud'homal CFTC, par ailleurs juriste et secrétaire national de l'Ugica-CFTC, épaule aujourd'hui deux autres ex-collègues de Jérôme. Il plaidera le “ licenciement abusif ” et réclame les salaires et congés impayés, le préavis plus des dommages et intérêts pour “ rupture brutale et vexatoire ”. La première audience de référé a lieu le 12 décembre au conseil des prud'hommes de Paris. “ Je ne connaissais pas vraiment le paysage syndical car dans les PME les syndicats ne sont pas légion. Aujourd'hui je me suis rendu compte de l'aide précieuse que m'a apportée la CFTC ”, confie le jeune salarié. Jérôme a adhéré à la CFTC car il sait aujourd'hui “ que ses intérêts seront bien défendus ” et… “ au cas où il y aurait une prochaine fois ”. Car il jure oh grand jamais qu'on ne l'y prendrait plus. Le 3 décembre, Jérôme fera le déplacement et glissera dans l'urne un bulletin CFTC.