Points de vue sur l'actualitéDétournement de pauvretéAu nom de la sacro-sainte compétitivité et du retour sur investissement, le travail et le social sont considérés comme des coûts qu'il faut impérativement réduire. Ce n'est pas en appauvrissant les salariés français qu'on parviendra à enrichir les salariés des pays émergents. Tel est le contenu du message porté par la CFTC à la journée du 7 octobre en faveur du travail décent organisée à Paris par les organisations syndicales françaises affiliées à la Confédération syndicale internationale (CSI). Lorsque nous parlons d' “ appauvrissement ”, il faut appréhender le terme dans toutes ses acceptions. Les salariés s'appauvrissent d'abord quand leur rémunération diminue, quand leurs conditions de travail se dégradent aussi, lorsque leur protection sociale est revue à la baisse, ou lorsque les conditions nécessaires à l'établissement d'un véritable dialogue social ne sont pas réunies. Depuis trois décennies, c'est pourtant ce modèle qui prévaut dans les entreprises. Au nom de la sacro-sainte compétitivité et du retour sur investissement de 15 % minimum réclamé par les fonds de pensions, le travail et le social sont considérés comme des coûts qu'il faut impérativement réduire en délocalisant la production dans des pays à faible salaire, quitte à ce que la qualité s'en ressente. Quitte également à mettre en danger la santé des consommateurs, comme ce fut le cas récemment avec des canapés distribués en France par une grande chaîne de magasins. La presse s'en est fait écho, mais ce dont on a moins parlé ce sont des répercussions sur la santé des salariés qui les ont fabriqué, ainsi que l'impact environnemental. Il devient, donc, urgent d'œuvrer à “ la mise en place d'un système de traçabilité sociale et environnementale sur tous les biens et services échangés ”. Cette proposition, que la CFTC a défendue au Grenelle de l'environnement et qui figure dans le projet de motion d'orientation du congrès confédéral, elle l'a rappelée le 7 octobre devant les dirigeants de la CSI et de la CES qui se sont engagés à la porter devant les instances internationales et européennes. Cela montre que l'attitude constructive qui caractérise la CFTC depuis sa création pèse effectivement sur le cours des choses et que nous devons poursuivre dans cette voie partout où nous sommes présents. |