Points de vue sur l'actualité

Ne prends surtout pas froid

AG2R-La Mondiale et le Secours populaire français ont publié, à quelques jours d'intervalle, un sondage sur les Français et leur santé. Avec des chiffres qui font froid dans le dos. La médecine à deux vitesses est là et s'installe. Elle bloque l'accès des salles d'attente à un nombre de patients de plus en plus nombreux. Aux premières victimes, les patients bénéficiant d'une CMU, auxquels certains médecins peu scrupuleux refusent l'accès à leur cabinet, en dépit des nombreux avertissements de l'Ordre des médecins, s'ajoutent d'autres populations. La liste s'allonge. “ Quatre Français sur dix ont sacrifié ou retardé un soin par manque d'argent ”, selon le Secours populaire français. “ Les inégalités ruinent la santé ”, c'est le titre du deuxième volet de son Alerte pauvreté ( !). Le plus souvent, les prothèses dentaires (31%), lunettes ou lentilles de contact (29%) passent à l'as dans le budget des ménages. Plus grave, la consultation chez un spécialiste (24 %), un dentiste (23%), ou l'achat de médicaments (18%)... aussi. Des dépenses qui touchent pourtant à l'essentiel. L'instauration des franchises en janvier aurait déjà accéléré le phénomène et modifié le comportement de “ consommation ” de 19% des sondés, selon LH2. Particulièrement les femmes (22 %), les personnes âgées (25%), les employés (25%) et les personnes ayant de faibles revenus (31 % des personnes gagnant entre 1 000 et 1 200 euros par mois) sont les plus frappés, indique l'Institut.

Les Français le disent bien : la santé reste pour eux “ largement prioritaire devant le reste ” et “ ils sont (évidemment) prêts à réaliser des économies dans ce domaine ”. Mais “ ces dépenses sont de moins en moins bien remboursées ”, selon 86 % des sondés. Un sentiment “ en forte hausse (+7 points) ”, confirme LH2. Plus d'un usager sur deux (63 %) juge que “ la qualité et l'accès du système (qui se détériorent) seraient conditionnés par les moyens de chacun ”. Avec un budget qui se resserre, les usagers et leurs familles seront bientôt face à des choix impossibles, jongleront avec des priorités qui ne sont pas “ priorisables ”, comme se loger, éduquer de ses enfants, se soigner… Soigner un rhume sur deux, voire pire… C'est de manière très crue la médecine à deux vitesses dont les contours se dessinent en France.