Points de vue sur l'actualité

Sauve qui peut !

D'un côté la BCE injecte dans l'économie des sommes colossales, de l'autre, l'État rechigne à combler le déficit de la Sécu, il y a de quoi être en colère.

Ca y est, cette fois, nous y sommes : la crise tant redoutée depuis plusieurs années et inscrite dans les gènes mêmes de l'économie ultralibérale est en train de prendre, de l'avis même des spécialistes, une ampleur jamais atteinte dans l'histoire du capitalisme. Et ce sont les salariés qui en subiront les conséquences : baisse de l'activité économique, hausse du chômage, aggravation du surendettement... Le contribuable, lui, devra mettre la main à la poche pour payer la nationalisation plus ou moins larvée des banques au bord de la faillite et le rachat des créances douteuses par l'État. Le client des banques paiera l'augmentation des tarifications des services bancaires pour permettre à son établissement de se refaire une santé. Tandis que les coupables, après s'être goinfrés pendant deux décennies, s'en tireront à bon compte : banquiers et assureurs irresponsables, spéculateurs qui exigent un retour sur investissement de 15 %, politiques démissionnaires, autorités monétaires laxistes… dormez en paix, le monde du travail paie pour votre cupidité. Quand on voit les sommes colossales que la Banque centrale européenne (BCE) injecte dans l'économie et que, dans le même temps, l'État rechigne à combler le déficit de la Sécurité sociale, il y a de quoi être en colère.

Dans ce contexte, la loi “ en faveur des revenus du travail ”, en débat actuellement au Parlement, paraît dérisoire, voire surréaliste tant elle est à côté de la plaque. Au cours des semaines qui viennent, il est à craindre, en effet, que la préoccupation première de nos concitoyens ne sera plus le maintien du pouvoir d'achat – bien que la question ne soit toujours pas résolue et demeure posée – mais la sauvegarde de l'emploi. Des mesures urgentes doivent être prises pour mettre fin à la spéculation outrancière, pour que l'injection d'argent public dans l'économie soit accompagnée d'un contrôle public et pour que l'économie réelle continue à bénéficier des capitaux dont elle a besoin pour investir. Pour relancer l'activité, il est temps d'adopter une stratégie européenne de croissance et d'investissement, seul moyen de venir à bout de la crise.