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Industrie automobile : tour de casse passe

Sale temps pour l'industrie automobile. Du moins pour les salariés. Renault a confirmé le 9 septembre en CCE un plan de départs volontaires de près de 4 000 salariés. PSA entend supprimer 700 postes d'intérimaires sur son site de Poissy et de 1 000 autres à Rennes. L'État, actionnaire à 15% de Renault et devant faire face à une conjoncture économique difficile (sur fond de crise du pouvoir d'achat) n'a dans un premier temps pas hésité à intervenir. Il a envoyé Laurent Wauquiez, émissaire du gouvernement, pour tirer à boulets rouges sur les constructeurs automobiles, les menaçant de leur “ faire payer leurs responsabilités ” lorsqu'ils suppriment des emplois et délocalisent leur production. Renault et PSA se sont immédiatement défendus de leurs intentions de délocaliser. Puis le secrétaire d'État à l'Industrie et porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, de rassurer toute le monde en disant vouloir “ développer les voitures propres pour conforter l'emploi ”. Depuis le 9 septembre, date du CCE, les discours sont plus mesurés. Laurent Wauquiez s'est déclaré “ contre une loi anti-délocalisation sanctionnant les entreprises qui suppriment des emplois en France ”. Il demande aujourd'hui simplement à Renault de “ respecter ses obligations de reclassement ” et d'“ assumer la reconversion des bassins d'emplois touchés ”. Luc Chatel promet que “ l'État sera doublement vigilant ” sur le caractère volontaire des départs et le renouvellement des modèles dans les usines françaises”. Depuis le début de l'année, 1 090 salariés chez PSA sont concernés par un plan de départs volontaires. Chez Renault : 5 000 emplois en Europe sont menacés – dont 4 000 en France, et 2 000 autres suppressions supplémentaires dans les filiales en Europe seraient annoncées d'ici à la fin septembre. Le site de Ford en Aquitaine est toujours en proie à de grosses difficultés depuis 2005. Jacques Voisin s'est rendu le 9 septembre à Renault Sandouville, près du Havre, le site le plus touché (1 000 emplois sont sur la sellette sur 3 700) pour épauler les militants CFTC et les salariés. L'avenir du site semble moins radieux que Carlos Ghosn, le président du constructeur ne l'avait laissé entendre il y a quelques mois en confiant au site l'assemblage de la nouvelle Laguna. La déconvenue est immense chez les salariés. Mais la Laguna ne se vend pas. Les résultats financiers de Renault au premier semestre demeurent pourtant largement bénéficiaires.Plan d'économies ? Chasse aux coûts ? La casse continue.