Points de vue sur l'actualité

Otis attaquée au pénal

La présence d'amiante dans les bâtiments est bien connue depuis quelques années. Dans les ascenseurs, il semble que cela soit plus sombre. Chez Otis, l'un des tous premiers ascensoristes, un front syndical uni vient de porter plainte contre X. “ De nombreux ascenseurs comportent des éléments en amiante et les techniciens qui les entretiennent sont directement confrontés à l'inhalation de fibres dangereuses pour leur santé ”, explique Gérard Aymes, délégué CFTC chez Otis sur ce dossier explosif. Pour lui, ce qui peut paraître logique et qui réclame le principe de précaution est minimisé depuis longtemps par la direction d'Otis. “ Comme la direction ne voulait pas avancer sur le dossier, nous avons décidé en 2005, entre élus syndicaux, de mettre en place une commission nationale de prévention et de sécurité pour dialoguer avec la direction ”, raconte le militant CFTC. En juin 2006, des questions précises sont formulées. Silence radio. Alertée dès 1997 sur la dangerosité d'une pièce en particulier – les bobines de soufflage – la direction attendra décembre 2007 pour la classer parmi l'amiante friable. Beaucoup de temps perdu. Aujourd'hui, 5 % des techniciens d'Otis sont reconnus en maladie professionnelle amiante et la société refuse toujours de reconnaître sa responsabilité et donc d'indemniser ses salariés. “ La vie humaine ne fait pas le poids devant les enjeux financiers, dénonce Gérard Aymes. Les décisions pour protéger les individus sont prises trop tardivement. ” Les syndicats d'Otis, dont la CFTC en première ligne, viennent en tout cas de montrer leur rôle indispensable dans la protection des salariés.