Points de vue sur l'actualité

Trelleborg : de l'art de laisser pourrir une situation

“ Pour tuer votre chien, accusez-le d'avoir la rage ”. Ce vieil adage peut être adapté à certaines entreprises qui ont tendance à éviter d'investir pour légitimer fermetures et délocalisations. L'exemple de Trelleborg à Carquefou illustre bien le phénomène. Les salariés de deux unités – mélanges et tuyaux pour les initiés – de ce sous-traitant automobile pourraient parler du fameux modèle suédois. Rachetés par le scandinave Trelleborg, les sites du pays nantais sentent le vent trouver depuis 2005. Fin 2010, 450 emplois seront supprimés... au bas mot. “ Depuis trois ans, la direction laisse pourrir la situation, dénonce Pascal Burty, délégué syndical CFTC. Il n'y a pas de recherche de nouveaux process pour nos sites, au contraire des Pays de l'Est et de la Turquie. C'est une délocalisation ! ”. Les autres sites, pas encore touchés aujourd'hui, pourraient donc subir le même sort. “ Depuis septembre nous essayons de nous faire entendre, raconte Pascal Burty. Les salariés font la grève du zèle mais la direction a commencé à les attaquer un par un ; nous faisons tout pour les défendre. ” Au programme de la mobilisation, des journées mortes et une rencontre avec le préfet. L'intersyndicale réclame 35 000 euros par salarié et 1 000 euros par année d'ancienneté. La direction reste sur 20 000 euros et 700 euros pour l'ancienneté. “ Beaucoup de salariés ont des problèmes de santé à cause de leur travail, explique le délégué CFTC. 1 000 euros par année d'ancienneté c'est un minimum de reconnaissance ! ”. Ironie du sort : le déménagement initialement prévu en Roumanie se fera en Tchéquie et en Turquie où la main d'œuvre y est encore moins chère.