Points de vue sur l'actualité

Université d'été du MEDEF ; grandeur et décadence (?)

Laurence Parisot avait l'intention d'ouvrir la dixième université d'été du Medef de manière très spectaculaire. Atterrir en parachute sur le campus de Polytechnique où se déroule cette année l'événement. De quoi remobiliser les patrons, les exhorter à faire davantage preuve de bravoure, de cultiver leur goût du risque ! Nicolas Sarkozy, alors candidat à la présidentielle, était bien arrivé en hélicoptère en 2006 sur la pelouse d'HEC, à Jouy-en-Josas. Mais voilà, le saut en parachute a été annulé. Une arrivée un peu trop “ militaire ”, alors que la France pleure ses soldats en Afghanistan. Peu importe, la patronne des patrons a décidé quand même de voir grand. “ Voir en grand ”, c'est le thème cette année de l'université d'été, après “ Jouer le jeu ” en 2007. La bande annonce de l'événement donne un avant goût de cette folie des grandeurs. On y voit d'abord Neil Armstong marchant sur la lune avec “Voir en grand, think big ” incrusté sur l'écran. Puis sur fond musical “ tendance ” défilent Bill Gates, Picasso, De Gaulle, Einstein, Pasteur, Gandhi ! Agrémenté de messages subliminaux “ voir en grand c'est une philosophie ”, “ un nouveau capitalisme ” ou encore “ un devoir ”. Entendez chaque patron est un génie en puissance. Cela frise la mégalomanie. Le Medef veut tourner définitivement la page de l'affaire UIMM et redorer l'image d'un patronat ringard et sans scrupule, prouver qu'il a changé en somme et qu'il a l'étoffe d'un grand. Reste à savoir ce que ce patronat du XXIème siècle à vraiment dans la tête. Le Figaro donne un aperçu de la réponse dans son édition du 27 août. Dix pédégés français y exposent leurs idées pour sortir de la crise économique ; pêle-mêle : “ réduire les charges ”, “ gagner en flexibilité ”, “ mettre la pression sur la BCE ”, “ faire confiance ”. Alors là, il s'agit vraiment du grand saut...

Redéfinir le rôle de chacun

À l'heure s'ouvrait l'université d'été du Medef, la CFTC a tenu à rappeler à l'organisation patronale que les salariés s'inquiètent toujours davantage. Ils s'inquiètent de la manière dont ils vont boucler leur fin de mois, de voir leur protection sociale partir à vau-l'eau, (...) de l'augmentation à venir de la durée de leur travail. À l'automne prochain, le Medef devrait fêter ses dix ans d'existence. À l'aube de cet anniversaire, la CFTC constate que le bilan, du point de vue des salariés, est négatif : leurs droits ayant été considérablement revus à la baisse. Des droits qui, à écouter les oracles patronaux, entravent la bonne marche de l'économie française. Or, depuis dix ans, la situation économique ne cesse de se dégrader. C'est que certains droits demeurent qui sont insupportables au regard des patrons : le repos dominical, la durée maximale du temps de travail, le Smic, la retraite... (...) La CFTC estime que c'est la déréglementation prônée par le Medef qui en est responsable et qu'il est temps de passer à une autre politique sociale. Le 24 août, Madame Parisot proposait “ une grande délibération sociale sur le paritarisme au XXIème siècle”. Avant d'en arriver là, la CFTC propose à la présidente du Medef de boucler les chantiers en cours pour répondre aux préoccupations des salariés, notamment la pénibilité, un dossier bloqué par l'organisation patronale au mépris de la loi, et la prime transport dont le patronat refuse de se saisir. (...) La CFTC estime nécessaire de redéfinir le rôle de chacun (État, syndicats et patronat) pour repartir sur des bases saines (...) en prenant en compte les réalités sociales et économiques. (...) La CFTC refuse le virage que le Medef souhaite voir prendre au paritarisme – dans lequel l'organisation patronale pioche ce qui l'arrange et rejette ce qui le dérange. Pour la CFTC, le Medef doit accepter d'assumer ses responsabilités sociales. (...) Imaginer que l'économie peut prendre l'ascendant sur le social et ainsi se dédouaner, c'est dénigrer le travail des salariés.

Extraits du communiqué du 27 août 2008.