Points de vue sur l'actualitéParitarisme : redéfinir le rôle de chacunA l'heure où s'ouvre l'université d'été du Medef à Palaiseau sur le thème «voir grand», la CFTC tient à rappeler à l'organisation patronale que les salariés s'inquiètent toujours davantage. Ils s'inquiètent de la manière dont ils vont boucler leur fin de mois, de voir leur protection sociale partir à vau-l'eau, de la dégradation du climat social dans les entreprises, de la détérioration de leurs conditions de travail, de la hausse du chômage, de l'augmentation du nombre d'emplois précaires, des lois sur le pouvoir d'achat qui se succèdent sans succès, de l'augmentation à venir de la durée de leur travail. A l'automne prochain, le Medef devrait fêter ses dix ans d'existence. A l'aube de cet anniversaire, la CFTC constate que le bilan, vu du point de vue des salariés, est négatif: leurs droits ayant été considérablement revus à la baisse. Des droits qui, à écouter les oracles patronaux, entravent la bonne marche de l'économie française. Or, depuis dix ans, la situation économique ne cesse de se dégrader. C'est que certains droits demeurent qui sont insupportables au regard des patrons : le repos dominical, la durée maximale du temps de travail, le Smic, la retraite... Jusqu'où faudra-t-il aller pour que, enfin, le patronat soit satisfait? La CFTC estime que c'est la déréglementation prônée par le Medef qui en est responsable et qu'il est temps de passer à une autre politique sociale. Dimanche, Madame Parisot proposait «une grande délibération sociale sur le paritarisme au XXIème siècle». Avant d'en arriver là, la CFTC propose à la présidente du Medef de boucler les chantiers en cours pour répondre aux préoccupations des salariés, notamment la pénibilité, un dossier bloqué par l'organisation patronale au mépris de la loi, et la prime transport dont le patronat refuse de se saisir. Alors qu'il n'y a plus de pilote dans l'avion France, la CFTC estime nécessaire de redéfinir le rôle de chacun (Etat, syndicats et patronat) pour repartir sur des bases saines, les missions du paritarisme et son organisation en prenant en compte les réalités sociales et économiques. La CFTC constate que la France est entrée dans l'ère du n'importe quoi: d'un côté l'Etat s'immisce toujours plus dans les questions sociales (assurance chômage, protection sociale, notamment), de l'autre, c'est désormais aux entreprises de décider de la réglementation sur le temps de travail, la loi perdant son caractère normatif. Quant aux organisations syndicales, elles sont mises à mal par la loi réformant leur représentativité. La CFTC refuse le virage que le Medef souhaite voir prendre au paritarisme, un paritarisme à double vitesse dans lequel l'organisation patronale pioche ce qui l'arrange et rejette ce qui le dérange. Pour la CFTC, le Medef doit accepter d'assumer ses responsabilités sociales. Pour évoluer, le social a besoin d'un cadre pacifié. Imaginer que l'économie peut prendre l'ascendance sur le social et ainsi se dédouaner, c'est dénigrer le travail des salariés. |