Points de vue sur l'actualité

Renault : un précédent inquiétant

Alors que des suicides ont endeuillé le Technocentre de Renault Guyancourt, la direction a décidé de mettre en place une commission paritaire pour prévenir ces actes de désespoir souvent liés au travail. Pour la CFTC de Guyancourt, qui a refusé de signer l'accord qui crée cette structure, cette démarche est préoccupante. L'enfer est pavé de bonnes intentions dit l'adage. Dans le cas présent, c'est un risque pour le dialogue social. Afin de répondre à une demande des organisations syndicales, dont la CFTC, Renault s'est empressé de construire une usine à gaz qui génère des inquiétudes. “ Cette commission est une structure informelle qui court-circuite les institutions existantes, explique Olivier Debesse, délégué syndical CFTC. Les comités d'hygiène, de sécurité et de conditions de travail (CHSCT) sont plus cadrés par la loi, ont la légitimité pour traiter de ces sujets et sont souverains dans leurs décisions, ce qui n'est pas le cas de la commission paritaire ”. Par le biais de cette nouvelle structure, la direction de Renault semble vouloir reprendre la main… pas forcément au bénéfice des salariés. “ D'une part, ce ne sont pas des indicateurs qui vont aider nos collègues qui sont en dépression, dénonce Olivier Debesse, et d'autre part, la direction n'a pas les mêmes motivations que les organisations syndicales. La commission a prévu un réseau pour repérer les personnes fragilisées, mais pas celles qui fragilisent ”. Par ailleurs, les syndicats n'étaient pas invités aux groupes de travail sur la prévention des risques professionnels qui ont présenté le fruit de leur travail à la commission paritaire avant consultation des CHSCT. “ C'est un retournement inquiétant de la hiérarchie du dialogue social ”, analyse Olivier Debesse.