Points de vue sur l'actualité

Ratification du traité de Lisbonne : une nouvelle épreuve

Les Irlandais ont finalement dit “ non” à 53,4 % au traité de Lisbonne. À quelques semaines de la présidence française à l'Union européenne, le 1er juillet, cette décision va peser lourd. Elle en dit long aussi sur la relation complexe qu'entretiennent les citoyens des états-membres avec l'Europe. En quinze jours l'Europe vient d'essuyer deux revers. Le compromis obtenu, le 10 juin, sur un accord européen sur le temps de travail autorisant une durée hebdomadaire de plus de 48 heures, avait, lui aussi, fait du bruit. Un “Waterloo de l'Europe sociale ”, avait lancé la CFTC. Une pluie de déclarations a également suivi le “ non ” Irlandais. Le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats l'a qualifié de “ revers pour l'Europe ”. Selon lui, “ ce résultat souligne le besoin urgent d'introduire un volet plus social et plus populaire dans les politiques européennes. Ce message doit être pris en compte de façon urgente ”. Un avis partagé par Jacques Voisin qui s'est exprimé dans un article de La Tribune du 16 juin consacré aux syndicats qui estiment que “ l'Europe est incomprise ” : “ Avec ce qui s'est passé la semaine dernière sur le temps de travail, comment s'étonner que les citoyens et les salariés ne se retrouvent pas dans la façon dont se construit l'Europe ”. L'Europe se retrouve de nouveau dans une situation délicate, alors que l'actualité l'oblige à prendre rapidement des décisions pour faire face à la flambée des prix du pétrole, au redémarrage de l'inflation, à la crise économique et financière.

Seule consolation, la Chambre des Lords britannique vient de ratifier le 17 juin le traité de Lisbonne. Ce traité a pourtant le mérite de débloquer l'Union européenne de l'impasse institutionnelle dans laquelle elle était plongée depuis les “ non ” français et hollandais au traité constitutionnel européen en 2005. Pour entrer en vigueur comme convenu le 1er janvier 2009, les Vingt-sept doivent avoir ratifié le traité de Lisbonne. Les 19 et 20 juin, les dirigeants européens se sont donnés rendez-vous à la mi-octobre pour faire le point sur l'avenir du traité. La ratification, elle, poursuit son cours.