Points de vue sur l'actualité

Projet forfait jour : plus de 3 000 heures travaillées par an !

L'Ugica-CFTC s'oppose clairement à l'amendement adopté le 24 juin par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale sur le projet de loi réformant les 35 heures, et prévoyant, pour les cadres au forfait-jours, un nouveau plafond de 235 jours, au lieu des 218 prévus jusqu'ici. Naturellement, l'amendement adopté le 25 juin par la commission des affaires économiques, tablant pour sa part, sur un plafond de 250 jours, n'emporte pas plus l'adhésion de l'Ugica-CFTC. Concrètement, à 235 jours, cela signifie que les salariés dotés d'un tel forfait (majoritairement des cadres, mais pas uniquement d'autant que, que le projet propose d'ailleurs d'étendre à d'autres catégories de salariés), n'auront plus de jours de repos supplémentaires, autre que les cinq semaines de congés payés. Et 250 jours signifie 32 jours de travail effectifs supplémentaires dans l'année, soit plus d'un mois et demi civil de travail supplémentaire annuellement... L'Ugica-CFTC considère qu'il s'agit d'une régression sociale grave. Rappelons que la création du forfait jours, avait été inspirée par l'impossibilité de comptabiliser le temps de travail de certains cadres (dépassant allégrement les 35 heures hebdomadaires). Ils devaient donc, en contrepartie, bénéficier de jours de repos supplémentaires aux cinq semaines de congés payés. De plus, ce projet est une négation de la réalité concrète des entreprises, ou une très grande majorité a négocié des forfaits compris entre 200 et 210 jours. D'ailleurs, selon une récente enquête de l'Apec sur la mobilité des cadres, la majorité d'entre eux (55 %) déclare avoir utilisé l'ensemble de leurs jours de repos l'an dernier, les autres ayant pu les reporter ou les placer dans un compte épargne temps. Si une telle reforme est adoptée, l'avenir des cadres et des salariés bientôt soumis au forfait-jours est plutôt sombre, puisqu'ils pourront théoriquement réaliser : 735 x 13heures = 3 055 heures, ou 250 x 13heures = 3 250 heures, selon l'amendement qui sera définitivement retenu, soit jusqu'à 1 643 heures de plus par an qu'un salarié aux 35 heures (1 607 heures annuelles). Et si nos gouvernants trouvaient, ultérieurement, cela insuffisant, la prochaine étape ne pourra être que de supprimer les congés payés...