Points de vue sur l'actualité

Représentativité / temps de travail : le projet de loi au Parlement

Le 17 juin, les manifestations de la CGT-CFDT “ sur les retraites et les 35 heures ” à laquelle la CFTC a refusé de se joindre ont déçu par leur faible ampleur. La CFTC avait ses raisons de ne pas y participer, en premier lieu, elle n'a pas été signataire de la fameuse “ position commune ” qui ouvrait la porte à cette dérégulation. La mobilisation n'a pas fait le plein. Faut-il pour autant sans réjouir ? Le projet de loi sur la représentativité des organisations syndicales et le développement du dialogue social – et son volet temps de travail (avec la mise à mal des 35 heures) – a été approuvé en conseil des ministres le 18 juin. Prochaine étape : la commission à l'Assemblée nationale à partir de mardi 24 juin, puis le 1er juillet en séance publique, avant d'être débattu au Sénat. Il ne faut cependant pas mélanger tous les sujets. Sur le volet temps de travail et 35 heures, Nicolas Sarkozy en a encore rajouté la semaine dernière en précisant que le pays franchissait “ la dernière étape pour réparer les dégâts des 35 heures ”. L'affaire semble définitivement mal engagée.

Concernant le volet dialogue social et les règles de la représentativité syndicale, la CFTC y voit d'avantage une issue plus heureuse. Elle multiplie le lobbying parlementaire en rencontrant activement les députés de tous bords. Elle a déjà déposé des amendements. Le 16 juin enfin, la CFTC rencontrait FO afin de faire un tour d'horizon des questions sociales et d'envisager des pistes d'actions communes (cf. plus bas). Les deux organisations syndicales ont décidé d'un commun accord d'organiser en septembre une journée de grève interprofessionnelle sur la défense des retraites. Mais d'autre mots d'ordre pourraient s'y ajouter (comme le pouvoir d'achat, par exemple).

La veille, le 17 juin, la CFTC rencontrait FO

“ Après leurs déclarations respectives de refus de participation à la manifestation du 17 juin, des délégations des bureaux des confédérations syndicales CFTC et FO se sont rencontrées. Elles ont constaté la convergence de leurs analyses sur plusieurs dossiers et relevé en particulier que le problème des retraites est de plus en plus masqué par l'offensive gouvernementale sur le temps de travail. C'est pourquoi elles tiennent à rappeler que pour lutter efficacement et faire reculer le gouvernement, notamment contre l'allongement à 41 ans de la durée de cotisations pour une retraite à taux plein, seule une action d'envergure avec appel commun à une journée de grève interprofessionnelle pourrait produire les effets escomptés.

Considérant que sur des questions clefs comme le pouvoir d'achat, les retraites et la durée de travail, leurs analyses sont largement convergentes, les deux confédérations décident de lancer une pétition à destination de l'ensemble des salariés. La répétition de journées de manifestations n'est pas de nature à faire bouger ce gouvernement bardé de certitudes et décidé à passer en force sur ses “ réformes ”. Les organisations syndicales FO et CFTC constatent que la position dite “ commune ” du 9 avril 2008 modifiant la représentativité syndicale conduit inévitablement à l'affaiblissement des garanties collectives et de l'égalité républicaine en ramenant toute négociation au niveau de l'entreprise. En s'engouffrant dans la brèche ouverte par l'article 17 de la position dite “ commune ”, le gouvernement déstructure l'organisation du travail dans l'entreprise en supprimant toutes les protections des salariés sur la durée du travail. Elles condamnent l'attitude des signataires de la position dite commune qui publiquement s'indignent des propositions gouvernementales (qu'elles ont pourtant largement suscitées) tout en refusant de retirer leur signature. ”