Points de vue sur l'actualité

Droits sociaux : la grande braderie continue

Si ce projet de déremboursement des traitements des ALD voyait le jour, il scellerait le désengagement de la solidarité nationale envers les malades. Nous ne savons pas si c'est l'ouverture de la période des soldes qui inspire actuellement la politique gouvernementale, mais il faut se rendre à l'évidence : en ce début d'été, les droits des salariés et de leur famille risquent d'être une nouvelle fois revus à la baisse. Frédéric Van Roeckghem, puis Roselyne Bachelot et, enfin, Éric Woerth ont, tour à tour, déclaré, sans en avoir au préalable informé qui que ce soit, que pour combler le déficit de l'assurance maladie, les médicaments des personnes atteintes d'affections de longue durée (ALD) ne seraient plus remboursées qu'à hauteur de 35% par la Sécurité sociale, au lieu de 100% actuellement. Ce faisant, le directeur de la Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam), la ministre de la Santé et celui du Budget ont perdu une occasion de se taire. Cette mesure a, en effet, provoqué une gigantesque levée de bouclier contraignant le gouvernement à faire (provisoirement ?) marche arrière : organisations de salariés, associations de malades, mutuelles, syndicats de médecins et partis politiques d'opposition se sont, à des degrés divers, inscrits en faux contre cette nouvelle mesure de déremboursement dictée par une pseudo-urgence budgétaire. Il n'y a guère que le Medef à n'avoir pas réagi. Il faut dire que les sociétés d'assurance occupent au sein de l'organisation patronale une place de plus en plus importante. Car ce sont elles qui profiteront de cette grande braderie. Les 65 % restants qui ne seront pas pris en charge par la Sécurité sociale le seraient par les mutuelles. Si ce projet voyait le jour, il scellerait le désengagement de la solidarité nationale envers les malades. Il faut être (faussement ?) naïf ou (vraiment ?) pervers pour croire que les mutuelles n'augmenteront pas le montant des cotisations. Une nouvelle illustration de l'adage : il vaut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade, et une nouvelle attaque contre les droits sociaux