Points de vue sur l'actualité

Défendre la retraite solidaire

Le texte ministériel sur la réforme des retraites présenté par le gouvernement aux organisations syndicales le 28 avril n'a convaincu personne. Le document, comme attendu, reprend pour la majeure partie le carcan de la loi Fillon de 2003, et vise en premier lieu l'allongement de la durée de cotisation à 41 ans d'ici 2012. Sur le fond du dossier, peu d'avancées et de marges de manœuvre. La CFTC a fait valoir au ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité qu'elle n'avait pas été signataire du relevé de conclusions en 2003 et, qu'aujourd'hui, bien des conditions n'étaient pas remplies pour envisager sereinement la déclinaison des dispositions de la réforme. La concertation est principalement ouverte sur la mise en place, courant mai, d'un groupe de travail sur l'emploi des seniors auquel les partenaires sociaux sont invités à participer, et devant déboucher sur un " plan d'actions concerté " pour la rentrée ; plan dont les mesures ne seraient applicables aux entreprises qu'en 2010 ! Les orientations gouvernementales semblent bien étroites et la place du dialogue social plus que réduite. Ce " blocage gouvernemental " est inacceptable pour les organisations syndicales. Celles-ci ont décidé de donner de la voix pour défendre les aménagements qu'elles souhaitent voir intégrer à la réforme. Malgré leurs divergences d'approche, elles appellent à une journée nationale interprofessionnelle d'action et de manifestations le 22 mai. Les principaux mots d'ordre sont les suivants : garantie et niveau des retraites, droit à la retraite à 60 ans, durée de cotisation, reconnaissance de la pénibilité, ressources financières assurant l'avenir à long terme du système de retraite par répartition... Le " rendez-vous" de 2008, doit être l'occasion de consolider le système de retraite par répartition et non de créer des déséquilibres toujours plus grands en faisant porter l'effort sur les seuls salariés.

Partager les responsabilités

La CFTC a rappelé, à Xavier Bertrand, le 28 avril, l'ensemble de ses préconisations visant à poursuivre la réforme du régime général et trouver des solutions à son financement.

L'allongement de la durée de la cotisation à 41 ans ne peut être envisagé, selon la CFTC, dès lors que certaines conditions ne sont pas réunies : la négociation sur la pénibilité doit avoir abouti ; le taux d'emploi des seniors atteindre 50 % et celui des jeunes progressé. La CFTC est, par ailleurs, favorable à une retraite personnalisée pour tous les salariés. Elle prône le libre choix dans la poursuite de la carrière professionnelle et souhaite que tous les temps d'activité (associatif, social, syndical, familial, politique...) et de vie professionnelle soient comptabilisés pour que les salariés puissent prétendre à une retraite complète. Le niveau des petites pensions doit être revalorisé et la retraite des salariés au Smic tout au long de leur carrière atteindre 100 % du Smic net (aujourd'hui la réforme prévoit un taux de 85 %). Le lendemain de sa rencontre avec Xavier Bertrand, la CFTC n'a pas non plus manqué de répondre aux déclarations inacceptables de Laurent Wauquiez. Le secrétaire d'État à l'Emploi a demandé un " effort aux salariés " en annonçant l'allongement de la durée de cotisation associée à la hausse des cotisations retraites. La CFTC considère qu'il ne faut pas faire porter sur les seuls salariés les coûts d'une amélioration du financement du système de retraites. Pour ce faire, elle souhaite que soit mis à plat en toute transparence, l'ensemble des exonérations de charges sociales dont bénéficient les entreprises. Celles-ci doivent aussi prendre part aux responsabilités en matière de financement, mais également permettre aux salariés qui le souhaitent de se maintenir dans l'entreprise !