Points de vue sur l'actualité

La valse des hypocrites

II est hors de question d'allonger la durée de cotisation tant que la France comptera un nombre important de chômeurs et de travailleurs précaires.

Certaines organisations syndicales ont décidément la mémoire courte ! Ainsi, la CFDT signait-elle, en mai 2003, un relevé de conclusions des discussions entre partenaires sociaux sur la réforme des retraites, prélude à la loi Fillon d'août 2003, qui introduisait l'allongement progressif de la durée de cotisation à 41 ans. Or, aujourd'hui, cette même confédération appelle à participer à la manifestation du 22 mai contre... l'allongement à 41 ans de la durée de cotisation. Cherchez l'erreur ! Le jeu de la CGT est plus clair, mais tout aussi empreint d'arrière-pensées. En 2003, elle s'est contentée - comme elle sait si bien le faire - de canaliser les mécontentements, puis de se désengager de la mobilisation, laissant le champ libre au gouvernement. Elle s'apprête, en 2008, à jouer le même rôle. En revanche, le positionnement de la CFTC n'a pas varié : avant de rédiger cet édito, je me suis livré à une relecture des articles parus dans La Lettre confédérale sur le sujet en 2003. En 2008, comme en 2003, il est hors de question pour la CFTC d'allonger la durée de cotisation tant que la France comptera un nombre important de chômeurs et de travailleurs précaires. Certes, on constate une indéniable embellie sur le front de l'emploi, mais elle demeure fragile et, de toute façon, la qualité de l'emploi n'est pas au rendez-vous. En outre, la négociation sur la pénibilité a échoué - alors qu'elle constituait un axe essentiel de la réforme de 2003 - et le taux d'emploi des seniors demeure toujours aussi faible, notamment du fait des entreprises qui, dans leur majorité, non seulement refusent d'embaucher des salariés âgés, mais, en plus, cherchent à les licencier à la première occasion. La CFTC refuse tout allongement de la durée de cotisation tant que ces deux problèmes n'auront pas trouvé de solutions.

C'est pour cette raison que nous appelons tous les adhérents CFTC à manifester le 22 mai prochain, sans calcul et sans compromission, mais pour la défense des intérêts des salariés, des chômeurs, des retraités et de leurs familles.