Points de vue sur l'actualité

Non à l'offre valable d'emploi

La conférence tripartite État-organisations syndicales-patronat sur l'Assurance chômage du 6 mai dernier a donné lieu à de vifs échanges, alors que la polémique autour de l'offre valable d'emploi bat son plein. Le point sur le positionnement défendu par la CFTC.

Pour proposer un emploi pérenne et de qualité aux demandeurs d'emploi, il faut, pour la CFTC, tous les accompagner, qu'ils soient indemnisés ou non. L'accompagnement renforcé des demandeurs d'emploi d'aujourd'hui créera la valeur ajoutée de demain. Concernant l'offre valable d'emploi (OVE), la CFTC est fermement opposée à toute obligation d'accepter un emploi rémunéré à 95 % du salaire antérieur au bout de trois mois de recherche d'emploi, et à 75 % du salaire antérieur au bout de six mois de recherche d'emploi... En effet une telle disposition entre en contradiction avec l'accompagnement personnalisé par une personne référente qui peut conduire un demandeur d'emploi à entrer dans un parcours d'orientation et de formation de longue durée. Cela signifierait également que les ruptures d'emploi ne pourraient être une opportunité pour les salariés d'améliorer leurs compétences et, si nécessaire, de se reconvertir. La fusion Assedic-ANPE et la création de la nouvelle institution ont été réalisées pour améliorer l'accompagnement des personnes en recherche d'emploi et pour développer une politique de l'emploi active tirant vers le haut les personnes en recherche d'emploi, leur permettant d'améliorer leurs qualifications voire si nécessaire de se reconvertir. Pour la CFTC, II y a un vrai paradoxe entre la création de la nouvelle institution et la définition d'OVE du gouvernement. (...) La CFTC ne pense pas que la définition d'une offre d'emploi puisse être " valable " sur l'ensemble du territoire et cela quelle que soit la personne en recherche d'emploi. En revanche, il est tout à fait concevable d'envisager que des offres puissent être acceptables au regard du projet professionnel et de la situation de chaque demandeur d'emploi.

Pour la CFTC, l'abaissement des cotisations aux régimes assurantiels (même si c'est pour financer les retraites), et le renforcement la politique active de l'emploi sont contradictoires. Contrairement aux projections optimistes de l'Unedic, elle ne pense pas que les finances du régime assurantiel pourront s'équilibrer rapidement d'abord parce que les prévisions de taux de croissance peuvent être mises en doute et ensuite, parce que mener une politique active de l'emploi nécessite des moyens financiers importants pour sortir d'un chômage de masse. La CFTC a déjà formulé ses propositions : le marché de l'emploi doit être plus transparent : la collecte des offres d'emploi doit se faire sur l'ensemble des professions et du territoire national, l'enquête " Besoin de main d'œuvre " doit être conservée pour identifier les métiers en tension, organiser des modules de formation adaptés aux besoins et orienter les demandeurs d'emploi vers les secteurs d'activité porteurs, le service public de l'emploi doit penser davantage la dynamique des territoires afin d'identifier les métiers en tension et d'encourager les mobilités choisies, ainsi que les reconversions vers les secteurs porteurs.

Communiqué de presse du 6 mai 2008.

L'offre n'est pas valable : Concrètement, un salarié qui, compte-tenu de ses conditions de travail pénible, se voit licencié pour incapacité de travail par exemple, se verra-t-il dans l'obligation après une reconversion, d'accepter un salaire inférieur par rapport à son ancien salaire ? Idem pour une personne au chômage au sein d'un bassin d'emploi sinistré : sa difficulté à retrouver rapidement un emploi de même qualification et son obligation de se reconvertir l'obligera-t-il à accepter au bout de six mois une rémunération à 80 % de son salaire antérieur ? Devra-t-il payer au prix fort la fermeture de son entreprise ?