Points de vue sur l'actualité

Armand Thierry : le dialogue se prend une veste

"Faut-il attendre un mort pour réagir ? " L'adresse de Patricia Louis, déléguée syndicale centrale CFTC, à la direction d'Armand Thiery est à la mesure des faits qu'elle lui reproche. Effectifs sans cesse réduits pour une charge de travail toujours plus importante, et en point d'orgue trois tentatives de suicide à déplorer. " La direction nous répète combien la santé de l'entreprise est bonne et combien les résultats sont mirobolants, lance Patricia Louis. Mais ils ne veulent pas entendre que cela se fait au détriment des salariés." La déléguée a reçu de nombreuses lettres lui signalant des cas de harcèlement moral et sexuel. "J'ai proposé à la direction de se rencontrer pour déterminer le vrai du faux, mais ils ont refusé, disant qu'ils n'avaient jamais été condamnés ", dénonce-t-elle. Depuis, toute communication avec les salariés nous est impossible. Comme si cela ne suffisait pas, les salaires sont gelés depuis plus de dix ans et l'enseigne de prêt-à-porter s'évertue à détruire un à un les acquis. " Le 1er août 2007, en plein milieu des vacances, nous avons été convoqués par courrier par la direction pour négocier. Mais les dés étaient pipés. La direction a dénoncé les 35 heures et supprimé la mutuelle, la prévoyance, le paiement des jours pour enfants malades et même les achats à prix préférentiels. Le terme de patron voyou prend tout son sens chez nous. " Une grève, le samedi 19 avril, a mobilisé de façon historique malgré les pressions et les mensonges avérés de la direction. Mais la direction refuse de dialoguer. Et Patricia Louis de conclure : " II y a un tel ras-le-bol que j'ai peur que nous n'arrivions plus à contenir les débordements. "