Points de vue sur l'actualité

Une négociation pénible

Il semble, en effet, logique que le salarié puisse avoir le choix de partir en retraite plus tôt sans subir de conséquence sur le niveau de sa pension.

Dix-sept séances réparties sur trois ans : de mémoire de syndicaliste, jamais une négociation n'aura duré aussi longtemps ! Et tout ça - probablement - pour rien, car le Medef ne veut rien entendre ! C'est le cri de colère que j'ai envie de pousser aujourd'hui contre ce patronat qui, au mépris de la loi, met tout en œuvre pour faire capoter la négociation sur la pénibilité. Incluse dans la loi Fillon de 2003 sur les retraites, cette négociation avait pour objectif d'aboutir à un accord qui permette aux salariés ayant exercé un métier pénible de partir plus tôt à la retraite sans être pénalisés financièrement. Elle devait, également, constituer un préalable à la nouvelle concertation sur les retraites qui a débuté le 27 mars. Le rendez-vous de la dernière chance est fixé au 21 avril prochain, mais je suis pessimiste sur la possibilité d'aboutir : le Medef, soutenu par certaines organisations syndicales, estime que le financement de ce dispositif doit reposer sur la solidarité nationale. La CFTC s'inscrit en faux contre cette proposition qui revient pour les entreprises à se défausser de leurs responsabilités. Pour nous, la négociation doit déboucher sur un système de réparation de l'usure prématurée provoquée par la pénibilité, avec l'attribution d'un trimestre de bonification par année d'exposition à un métier identifié comme pénible. C'est une juste compensation des conséquences subies par le salarié en termes de santé. Il me semble, en effet, logique que le salarié puisse avoir le choix de partir en retraite plus tôt sans subir de conséquence sur le niveau de sa pension. Dans cette perspective, il est clair que la prise en charge financière du coût de cette usure prématurée qui profite avant tout à l'entreprise doit d'abord relever de sa responsabilité. Se pose, alors, une série de questions. Que cherche le patronat en agissant de la sorte ? Quel deal a-t-il passé avec le gouvernement qui devra se saisir, maintenant, de la pénibilité ? Comment lancer un nouveau cycle de réforme des retraites alors que les engagements pris en 2003 n'ont pas été tenus ? Une chose est sûre : c'est une conception du dialogue social que la CFTC ne peut pas partager !