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Alitalia : Prodi fait appel au sens de la responsabilité des syndicats

Le chef du gouvernement italien Romano Prodi a fait appel lundi sur une chaîne italienne au sens des responsabilités des syndicats d'Alitalia, à la veille d'une importante rencontre avec la direction d'Air France-KLM qui propose de racheter la compagnie à l'agonie.

Sortant d'un silence de plusieurs jours sur ce dossier, M. Prodi s'est aussi interrogé sur la réalité d'une proposition de sauvetage par des groupes italiens que le leader de la droite Silvio Berlusconi s'est déclaré fort de mettre sur pied. "Jusqu'à présent on n'a rien vu", a-t-il déclaré dans une interview à la télévision en continu Sky TG 24.

"Un grand sens des responsabilités de la part des syndicats est nécessaire", a-t-il souligné alors que la proposition de rachat du groupe franco-néerlandais prévoit 2 100 suppressions d'emplois.

"Ils doivent penser à l'avenir de la compagnie avec une grande conscience", a-t-il ajouté.

Interrogé sur les déclarations de M. Berlusconi qui a relancé la semaine dernière, en pleine campagne électorale, l'hypothèse d'une solution italienne, M. Prodi a affirmé que son gouvernement avait "toujours été ouvert à un consortium italien".

Mais, a-t-il ajouté, "une proposition doit être sérieuse, concrète, avec des ressources financières, des responsables, un plan industriel. Jusqu'à présent on n'a rien vu".

Une nouvelle réunion entre les syndicats et les directions d'Alitalia, détenue à 49,9% par l'Etat italien, et d'Air France-KLM doit avoir lieu mardi après-midi à Rome.

Les syndicats qui ont rejeté l'offre d'Air France lors d'une première réunion, doivent donner leur réponse sur le plan de reprise d'ici le 31 mars. Air France a fait de leur accord une des conditions pour concrétiser son offre.

La ministre chargée du Commerce international et des Affaires européennes, Emma Bonino, avait auparavant ironisé à propos d'Alitalia sur le "énième épisode d'une tragicomédie à l'italienne".

Elle a jugé "déconcertante" la déclaration de son collègue des Transports Alessandro Bianchi, selon lequel Alitalia dispose de liquidités suffisantes pour terminer l'année.

"Il suffit d'aller voir la position financière d'Alitalia sur son site pour constater qu'au 31 janvier, il y avait 282 millions d'euros et qu'en mars il restait un peu plus de 100 millions", a déclaré Mme Bonino, interrogée par Radio Radicale.

Le ministre des Transports a contredit dimanche celui de l'Economie Tommaso Padoa-Schioppa en affirmant qu'Alitalia avait "des liquidités suffisantes" pour toute l'année 2008.

Lundi, M. Bianchi a souhaité que "les syndicats aient droit à une période de temps convenable pour faire leur évaluation" de la proposition d'Air France-KLM, également dans une interview à SKY TG 24