Points de vue sur l'actualité

L'emploi précaire se généralise dans l'Union européenne

À la veille du sommet social tripartite du 13 mars avec la Commission européenne et la présidence Slovène de l'Union européenne (UE), la Confédération européenne des syndicats (CES) a dénoncé " la face cachée négative" de l'embellie de l'emploi, critiquant l'auto-satisfecit de Bruxelles. Dans son dernier rapport 2007-2008 sur l'emploi, la commission avait, en effet, souligné la création de 6,5 millions nouveaux d'emplois en deux ans. En fait, les emplois précaires et mal payés se généralisent dans l'Union Européenne, souligne la Confédération européenne des syndicats. Le nombre de travailleurs sous contrat à durée déterminée (CDD) a augmenté de 10 millions en dix ans pour atteindre 32 millions, représentant 14,5% de la masse salariale européenne, toujours selon la CES. Près d'un cinquième des travailleurs de l'Union Européenne (soit 40 millions) disposent de contrats à temps partiel, soit 8 millions de plus qu'il y a dix ans. Ces temps partiels expliqueraient la croissance du nombre d'emplois revendiquée par la Commission. Mais en réalité, le taux d'emploi exprimé en équivalent temps plein a stagné entre 2001 et 2006. " II faut (donc) mettre une limite à la répétition à l'infini des contrats à durée déterminée ", a affirmé le secrétaire confédéral de la Confédération européenne des syndicats, Walter Cerfeda. Et le secrétaire général de la Confédération européenne des syndicats, John Monks de renchérir : "Trop souvent, les contrats flexibles n'ont rien à voir avec une meilleure organisation du travail, mais sont simplement un moyen de réduire les salaires". De plus, près de 15 % des travailleurs européens - soit 17 millions de personnes - gagnent des salaires qui se situent en dessous du seuil de pauvreté, précise la Confédération européenne des syndicats. La stratégie de l'Union Européenne en matière de croissance et d'emploi, dite stratégie de Lisbonne, doit donc être poursuivie et renforcée. Le jour du sommet tripartite, la Confédération européenne des syndicats a davantage enfoncé le clou : " L'Europe sociale n'est pas une option mais une nécessité ". Elle souligne que " les droits fondamentaux ne sont pas des droits de deuxième catégorie, inféodés au marché. Les dirigeants européens doivent garder ces considérations à l'esprit. Car l'Union Européenne doit progresser sur la question des travailleurs intérimaires, du temps de travail et des comités d'entreprise européens et elle doit accorder à nos droits fondamentaux l'attention qu'ils méritent ". Pour faire écho à l'ensemble de ces revendications, le 5 avril, la Confédération européenne des syndicats organise une euro-manifestation sur le pouvoir d'achat à Ljubljana en Slovénie. Manifestation à laquelle la CFTC participera.