Points de vue sur l'actualité

Stress au travail : reconnaître l'étendue du fléau

Alors que va débuter entre les partenaires sociaux, le 7 avril 2008, la négociation sur le stress, la violence au travail et le harcèlement, la remise d'un rapport au Ministre sur la définition et la mesure de ces risques, rappelle opportunément la nécessité de prendre la mesure de la dégradation des conditions de travail.

La CFTC souhaite que la souffrance des salariés soit reconnue comme un enjeu majeur. Ce nouveau rapport, six mois après une première conférence tripartite entre le gouvernement, le patronat et les syndicats sur les conditions de travail, doit constituer un socle concret et un outil efficace à même d'appréhender les situations, tant la réalité en la matière est préoccupante.

La mise en œuvre d'une grande enquête nationale, proposition principale du rapport des deux experts, qui vise à "identifier les secteurs et les branches où le stress est supérieur à la moyenne", peut constituer une première avancée. Mais elle doit alors concerner tous les secteurs d'activités, qu'ils soient privés ou publics, en observant une vigilance particulière pour les entreprises de petite et moyenne taille.

La négociation sur la pénibilité bute notamment aujourd'hui sur l'établissement de critères sur lesquels s'accorder. Il apparaît donc d'autant plus nécessaire de disposer d'indicateurs à même de définir, mesurer et prévenir le stress au travail et plus largement les risques psychosociaux.

Ceux-ci sont essentiellement liés à l'organisation du travail. L'accélération des rythmes de travail, la flexibilisation accrue, le travail en flux tendu, l'externalisation, sont parmi les principaux facteurs de dégradation des conditions de travail. Les salariés précaires, les sous-traitants, les intérimaires font partie des catégories de travailleurs les plus exposés à ces risques.

Pour la CFTC, la reconnaissance de ces risques est un enjeu central pour les entreprises, même s'il s'agit là d'un mal dont celles-ci peinent encore à prendre la mesure. Peu d'entreprises s'engagent à s'attaquer aux causes profondes du mal-être au travail, de peur peut-être de se trouver « comptables » de la santé mentale des salariés. Aussi, l'idée de "négociations obligatoires pour la détection et la prévention du stress" dans les secteurs les plus touchés apparaît pouvoir engager un renouvellement des pratiques.

La CFTC attend donc du Ministre qu'il porte cette initiative afin de répondre à l'exigence de prévention, d'information du grand public et de sensibilisation des employeurs, qu'appelle la dégradation actuelle des conditions de travail