Points de vue sur l'actualitéLe Medef, ô combien pénibleLa CFTC hausse le ton et le fait savoir. Pour ce faire, elle a organisé, le 20 février dernier, un petit-déjeuner avec la presse pour défendre ses propositions et faire entendre son mécontentement sur la négociation pénibilité qui piétine depuis trois ans maintenant ! La CFTC déplore l'attitude générale du Medef au sein de cette négociation. Lors des deux dernières séances, le Medef a enclenché la marche arrière. Celui-ci a remis un nouveau document en séance, le 6 février. Il évoque l'existence d'un lien entre le métier exercé et l'espérance de vie du salarié, mais cela conditionné à un nombre de facteurs qui brouillent largement les cartes. Par ailleurs, alors que doit s'ouvrir la négociation sur le stress, le Medef nie l'existence de pénibilité psychique - ce que la CFTC avait pourtant réussi à faire reconnaître au tout début de la négociation. Exit aussi la possibilité d'un départ anticipé remplacé par un basculement sur un mi-temps à mi-salaire en fin de carrière. " L'attitude en séance du Medef confirme de plus en plus qu'il ne souhaite pas se saisir du problème. Son attitude est archaïque et non constructive", dénonce Joseph Thouvenel, chef de file CFTC. Et d'ajouter : " On ne peut jouer la montre indéfiniment et se dédouaner de ses responsabilités. " Certains points, comme celui du financement du dispositif, sont, en effet, plus difficiles à aborder, " mais ce n'est pas, pour autant, une raison pour ne pas mettre les éléments sur la table et examiner les pistes possibles ", s'offusque-t-il. " La pénibilité est une vraie question posée aux salariés, mais aussi aux partenaires sociaux, et à laquelle il faut apporter de vraies réponses ", renchérit Jacques Voisin. " C'est une question d'équité, poursuit Joseph Thouvenel : il s'agit pour certains salariés ayant une espérance de vie réduite d'avoir le temps de vivre leur retraite ". Et de conclure avec fermeté : " Sans accord sur la pénibilité, il sera difficile d'aborder le rendez-vous 2008 des retraites. Nous ne quitterons pas la table des négociations. Il reste deux séances, le 4 et 25 mars. Mais nous prolongerons la négociation s'il le faut afin d'en sortir par le haut. " Posons enfin le cadreLes situations pénibles peuvent être listées, des critères posés, même s'il appartient, ensuite, aux branches d'identifier leurs métiers pénibles. Pour poser le cadre, la CFTC préconise d'instaurer un système de bonifications par année d'exposition à des tâches ou situations pénibles. Elle souhaite faire accepter " cette mécanique " qui permettrait au salarié qui en formule la demande de partir en retraite plus tôt et en amoindrissant l'impact sur son niveau de pension. Le sujet est ouvert à la discussion pour définir "où placer le curseur" ; la CFTC propose, elle, un trimestre par année d'exposition. Elle insiste aussi sur la prévention et le suivi de l'exposition du salarié pour retracer les pénibilités subies tout au long de son parcours professionnel. Ce suivi permettrait de reconnaître la pénibilité et d'envisager une cessation anticipée d'activité. La CFTC n'est pas opposée à l'idée de mettre en place une commission, composée d'un médecin du travail, chargé d'examiner les dossiers des salariés qui font la demande d'une cessation anticipée compte tenu de la durée et/ou de l'intensité de l'exposition à des tâches pénibles. En amont, la surveillance des métiers à risques et l'évolution de carrière des salariés exposés à des tâches pénibles doit faire l'objet d'une attention particulière. Le document unique (obligatoire et confidentiel) pourrait rassembler ces informations à titre préventif. Concernant le financement de la pénibilité, la CFTC est claire : il est de la responsabilité des entreprises de mettre la main à la poche. La solidarité nationale seule ne peut en supporter le coût ; le salarié n'a pas non plus à payer une seconde fois l'addition. Tout reste donc à imaginer et à débattre. C'est aujourd'hui une question de responsabilité collective. |