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Discrimination à l'embauche : la France mauvais élève

Une opération de " testing " réalisée à Lille, Lyon, Marseille, Nantes, Paris et Strasbourg en 2006 par le Bureau international du travail (BIT) révèle que les discriminations raciales à l'embauche restent très élevées en France.

Ce testing a permis d'étudier le comportement des employeurs sur le marché du travail et de repérer d'éventuelles discriminations envers certains profils de candidats. Près de 2 440 offres d'emploi réelles dans les secteurs de l'hôtellerie-restauration, du commerce, des services, des transports et du BTP, ont été testées par deux candidats de nationalité française, l'un d'origine " hexagonale ancienne ", l'autre d'origine " maghrébine " ou " noire africaine ". Les candidats fictifs étaient en tous points comparables et ne se différenciaient que par la consonance du nom et la photo. Sur les 1 100 tests valides, à compétence égale, 770 candidats d'origine française ont été choisis contre seulement 209 d'origine maghrébine ou noire africaine, soit prés d'un sur quatre. La discrimination se manifeste avant même une entrevue avec le candidat (refus notifié ou mise en attente plus sournoise - l'étude livre un petit florilège des discriminations, allant du mensonge basique (" le poste est déjà pourvu ") à la réponse embrouillée (" rappelez-moi en fin de semaine, on est quel jour ? ...on est vendredi... euh, oui donc, rappelez-moi la semaine prochaine pour voir s'il y a du changement.") - et ce, dans l'ensemble des secteurs professionnels testés. Elle semble encore plus forte à l'encontre des candidats d'origine noire africaine que des candidats d'origine maghrébine, et est plus élevée envers les hommes que les femmes de même origine.

Tester... couler! Pour appréhender la discrimination à l'embauche, le Bureau international du travail a défini un indicateur global, le " taux net de discrimination cumulé", différence entre les pourcentages de choix pour les deux catégories de candidats. Pour les tests conduits en France, 70% des choix ont été effectués en faveur du candidat d'origine hexagonale ancienne et 19% en faveur de celui d'origine maghrébine ou noire africaine. Le taux net de discrimination s'élève donc à 51%.