Points de vue sur l'actualité

Tout sauf une partie de Monopoly

Ce n'est pas en désignant des victimes expiatoires que l'on résoudra les crises financières et économiques.

La notion de bouc émissaire dont je vous entretenais il y a deux semaines trouve de nouvelles illustrations dans l'actualité de ces derniers temps. Premier exemple : la crise provoquée par les crédits à risques, d'abord aux États-Unis, puis dans l'ensemble de la planète Finance, a trouvé en la personne d'un salarié de la Société générale - fut-il un trader qui vit dans un monde virtuel - un bouc émissaire facile. Ce n'est pas une personne qui est à elle seule responsable de cette crise mais tout un système guidé par l'appât du gain. Second exemple tiré de l'actualité : la suppression de près de six cents emplois sur le site Arcelor-Mittal de Gandrange, en Lorraine. Là, la faute incomberait aux salariés qui seraient payés trop cher et à la vétusté de certains équipements, alors que la direction de l'entreprise n'a rien fait pour moderniser le site. Ces deux " affaires " montrent, une nouvelle fois, que le seul moteur de l'activité économique est aujourd'hui la rentabilité de l'investissement financier, que la technique a pris le pas sur l'éthique, et que l'homme est passé au second plan des préoccupations. Ce n'est pas en désignant des victimes expiatoires que l'on résoudra les crises financières et économiques, mais en remettant l'économie réelle, productrice de biens et de services, au cœur du système et en édictant des règles plus strictes au sein du monde financier, en renforçant par exemple le rôle du Fond monétaire international et les pouvoirs des institutions représentatives du personnel dans les instances de décision des entreprises. Ce ne sont, là, que des pistes jetées au fil de la plume, mais il est urgent d'agir pour empêcher une crise plus profonde et éviter que, au final, ce soit le contribuable et le salarié qui paient : chat échaudé par le scandale du Crédit lyonnais dans les années 1990, craint l'eau froide.