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Crise financière : l'Europe va-t-elle " kracher " ?

II est encore trop tôt pour connaître l'ampleur de la crise financière qui a secoué les principales places boursières la semaine dernière. Paris, Londres, Francfort, New York, Tokyo et Bombay ont ainsi dévissé le 21 janvier avant de se reprendre le 22. En cause, les conséquences de la crise des crédits immobiliers hypothécaires (subprimes) alloués trop facilement ces dernières années par des banques peu regardantes à des ménages américains insolvables et déjà surendettés. Cette dégringolade aura été suffisamment prise au sérieux par les autorités politiques et financières américaines, au premier rang desquels George W. Bush et Ben Bernbank, le président de la banque centrale des États-Unis (FED), pour pousser le premier à annoncer un plan de relance de l'économie de 140 milliards de dollars et inciter le second à baisser le taux d'intérêt de 0,75%, du jamais vu depuis quinze ans. Le remède qui s'apparente à une fuite en avant pour rassurer les marchés, pourrait être pire que le mal, comme le craignent plusieurs économistes. La baisse des taux pourrait, en effet, relancer l'inflation, déjà élevée (4,7% en 2007), créer une nouvelle bulle financière qui finira par éclater un jour ou l'autre (l'économie américaine irait alors de Charybde en Scylla) et provoquer une nouvelle baisse du dollar, préjudiciable pour l'économie européenne. À l'inverse, l'Europe - dont la situation est sans commune mesure avec celle des États-Unis - pourrait se diriger vers un resserrement du crédit. D'abord, la BCE pourrait augmenter son taux directeur. Ensuite, les banques, qui annoncent des pertes colossales suite à la détention de crédits hypothécaires à risques, pourraient y regarder à deux fois avant d'ouvrir de nouvelles lignes de crédit. Cela aurait pour effet de ralentir l'activité économique et de diminuer le pouvoir d'achat déjà dégradé dans de nombreux pays. Faut-il en déduire qu'il n'y a rien à faire ? Disons que les solutions apportées par la FED conviendraient mieux au contexte économique européen et inversement.