Points de vue sur l'actualité

Un bouc émissaire facile

Le manque de dynamisme de l'économie, le déficit commercial, la dette ? C'est toujours la faute aux 35 heures !

Les années passent et les pommes de discorde demeurent. Ainsi, 2007 s'est-elle conclue sur une nouvelle remise en cause des 35 heures via la loi "pour le pouvoir d'achat", et 2008 débute-t-elle par une nouvelle attaque en règle contre la réduction du temps de travail qui serait à l'origine de tous les maux de la société française. Le manque de dynamisme de notre économie ? C'est la faute aux 35 heures ! Le déficit commercial ? Encore les 35 heures ! La dette ? Toujours les 35 heures ! C'est pratique, cela permet de détourner l'attention, sans résoudre les problèmes. Cet acharnement m'offre l'occasion de rappeler quelques évidences et de revenir sur plusieurs idées reçues. Pour la CFTC, il importe, avant tout, que le libre choix du travailleur soit respecté : qu'il choisisse de monétiser ses journées de RTT non prises pour augmenter son pouvoir d'achat, ou, de les conserver pour concilier ses temps de vie. Il convient, en second lieu, de préciser qu'il est hors de question de remettre en cause la durée légale hebdomadaire de travail fixée à 35 heures. Enfin, c'est avec la plus grande réserve que nous accueillons la revendication patronale de fixer le seuil de déclenchement des heures supplémentaires par accord d'entreprise. Le discours qui prévaut consiste à dénoncer les 35 heures sous prétexte qu'elles n'ont pas créé d'emplois, qu'elles sont à l'origine d'une baisse de la productivité, qu'elles ne peuvent pas s'appliquer dans les PME... Rien n'est plus faux : 350 000 emplois ont été créés ou sauvegardés entre 1998 et 2002, période de mise en œuvre des 35 heures. Loin de baisser, la productivité horaire du salarié français était en 2004 de 16,5% supérieure à la moyenne de l'Europe des Quinze. Les statistiques révèlent, en outre, que les Français travaillent, en moyenne, 35,9 heures par semaine, soit plus que les Anglais, les Allemands, les Néerlandais ou les Suédois. En revanche, la stagnation des salaires qui a suivi leur instauration est à inscrire au passif du bilan des 35 heures. D'où la nécessité, d'imposer une relance de la politique salariale. Et après le retour aux 40 heures, faudrait-il le retour aux 45 heures ?