Points de vue sur l'actualité

Et si Airbus délocalisait ?

S'il est vrai que l'accès aux marchés mondiaux rend inévitable le partage d'une partie des charges de travail en faveur de sites de production à proximité des pays visés, les délocalisations pour cause d'un euro fort sont inacceptables. " Pour la CFTC, le transfert des charges pour obtenir des contrats doit être restreint pour protéger la technologie européenne, et son périmètre circonscrit aux seuls besoins des compagnies locales ", explique Marina Lensky, DS d'Airbus Toulouse. Le problème de parité euro/dollar existe, l'essentiel des ventes étant réalisé en dollars alors que 65 % des coûts de production des avions sont en euros. Les entreprises devraient cependant anticiper et se prémunir de ce risque. Les gouvernements européens, quant à eux, sont restés trop longtemps muets face aux délocalisations déjà bien engagées dans d'autres industries exportatrices. Ces projets annoncés de délocalisation sont-ils seulement une mise en garde de Louis Gallois, le PDG d'EADS, pour inciter le gouvernement français à affronter ses responsabilités ? L'enjeu vise également le soutien à la recherche et développement, extrêmement faible pour préparer l'avenir industriel, et les aides gouvernementales au développement des avions, désormais rendues difficiles par les procès faits par Boeing à l'avionneur auprès de l'OMC. Ce véritable cri d'alarme en direction du gouvernement pour contrer les délocalisations dans les pays à bas coûts du travail est un appel pour que l'Union européenne s'attache à contrôler la parité de sa monnaie, à développer les aides promises et à fournir les prêts demandés. Sera-t-il entendu ? Le sommet du G7, lors duquel l'avionneur veut inscrire le sujet de la parité monétaire, nous le dira.