Points de vue sur l'actualité

Menaces de délocalisation : un mauvais coup porté à l'industrie

Les menaces récemment proférées par deux avionneurs de faire fabriquer à l'étranger des pans entiers d'avions, sous prétexte que l'euro est fort par rapport au dollar pénalisent ces derniers et nécessitent une réaction de la part des pouvoirs publics. Pour la CFTC, la délocalisation de plusieurs sites d'Airbus et de Dassault Aviation serait un nouveau mauvais coup porté à l'industrie française et européenne. Ce sont, en effet, plusieurs milliers d'emplois qui sont en cause et l'avenir de régions entières qui est hypothéqué. Si la preuve est faite que la compétitivité d'Airbus et de Dassault Aviation est effectivement affectée par l'euro fort, l'État doit mettre à profit la préparation de la présidence française de l'Union européenne pour réclamer une modification des statuts de la Banque centrale européenne (BCE). Celle-ci ne peut plus se contenter d'être un simple accompagnateur de la politique économique et financière, mais doit devenir un organisme qui influence la politique sociale et le marché de l'emploi. Ce que la BCE a fait en août dernier pour éviter un crack bancaire et boursier en soutenant les spéculateurs, ne pourrait-il pas être fait pour soutenir la croissance européenne et l'emploi lorsque les circonstances l'exigent ? Il faut que la BCE cesse de jouer contre son camp en maintenant des taux d'intérêt élevés. À moins que les affirmations des deux avionneurs français ne soient qu'un prétexte pour délocaliser et faire fabriquer leurs appareils dans des pays où les salaires leur permettent de faire baisser davantage encore les coûts de production au profit de la rémunération des actionnaires. Cette hypothèse ne semble pas pouvoir être complètement écartée dans l'immédiat. Quoi qu'il en soit, la CFTC demande que des délégués des deux entreprises et de leurs sous-traitants soient reçus par Christine Lagarde, ministre de l'Économie, des Finances et de l'Emploi.