Points de vue sur l'actualité

Roissy : plus qu'un délit de faciès

En août 2006, le préfet de Seine-Saint-Denis retirait leurs badges à soixante-douze bagagistes travaillant à l'aéroport de Roissy au prétexte que ceux-ci présentaient un "danger significatif "pour la sûreté aéroportuaire. N'ayant plus accès aux zones réglementées, les salariés étaient empêchés d'effectuer leur travail. Avec d'autres organisations syndicales qui défendent des cas similaires, la CFTC s'est engagé dans un bras de fer avec la préfecture en recourant notamment aux médias. Quelques mois après l'affaire, tous les salariés ont récupéré leur badge sauf un militant CFTC, Mohamed Ali Lorgat. Et ce, malgré un arrêt du Conseil d'État du 2 février 2007 confirmant une décision du tribunal administratif dans laquelle il est reconnu qu'il ne représente pas une menace pour la sécurité (antériorité dans l'entreprise, comportement exemplaire...). Innocenté, Mohamed est toujours privé de badge, donc de travail et risque d'être licencié à tout moment. La CFTC poursuit son action en justice, elle engage une nouvelle procédure pour non respect de la chose jugée. L'absence d'argumentation et l'apparente obstination du préfet la conduit dans sa défense à mettre en avant la discrimination religieuse. La CFTC et l'avocate de Mohamed Ali, Maître Blandine Sibenaler, ont finalement obtenu gain de cause. Mais comme pour la première décision, de manière tout à fait arbitraire son badge est renouvelle de six mois seulement au lieu de douze. L'affaire suit son cours pour que cesse cette triple discrimination raciale, religieuse et syndicale.