Points de vue sur l'actualité

Fonction Publique : premier cas révélé d'homophobie

"Tout a commencé il y a dix ans. J'ai reçu dans mon bureau un jeune homme en larmes", se souvient Isabelle Naît Amara déléguée syndicale CFTC. Il m'a raconté son histoire."Celle d'un jeune fonctionnaire à la carrière irréprochable que les moqueries et les attaques de ses collègues et de son supérieur hiérarchique ont fini par faire craquer. Xavier travaille pour le ministère des Finances en région parisienne. Ce ne sont ni son travail ni ses compétences professionnelles qui sont à l'origine de ces attaques, mais son orientation sexuelle. " Ils l'ont petit à petit usé tout au long de sa carrière, poursuit Isabelle, petits mots insultants, interruption de salaires, menaces de mort jusqu'à son domicile... L'acharnement a été très loin. Il fallait réagir pour faire cesser ces faits répétés portant atteinte à l'intégrité physique et morale de Xavier. Mais on s'est heurté à un mur d'incompréhension de la part de sa hiérarchie. Dans le statut de la fonction publique, rien n'est prévu pour faire face à ce genre de situations. On a donc avancé sans outils", explique Isabelle. Plusieurs mutations lui ont été proposées, mais elles n'ont fait que déplacer le problème, des coups de fil ayant été passés entre managers et la situation s'est envenimée. " Personne n'était à l'aise car ce dossier attirait des ennuis, même les autres organisations syndicales n'en voulaient pas. Il était important que nous à la CFTC on s'en saisisse ", ajoute la déléguée syndicale. " Quand Isabelle m'a demandé le soutien de la Fédération, j'ai lui ai immédiatement répondu : banco ! ", renchérit François Bos, secrétaire général de la CFTC-Finances. La Fédération a travaillé avec l'association de lutte contre l'homophobie " L'autre cercle " pendant des mois et avec un juriste de La Halde. La preuve d'homophobie a été apportée. L'Inspection générale des Finances a rendu, ensuite, un avis allant dans le sens de celui de la Halde. Le ministère doit rendre maintenant ses conclusions.