Points de vue sur l'actualité

Régimes spéciaux : l'heure est aux négociations

La CFTC martèle le même message depuis plus de deux semaines : elle appelle de nouveau à participer aux négociations de branches et d'entreprises. La CFTC souhaite qu'elles s'ouvrent dans les meilleurs délais et permettent rapidement de rassurer les salariés concernés sur la prise en compte de leurs aspirations légitimes, et ainsi de mettre un terme au conflit actuel. Lors de ces négociations, les représentants CFTC défendront en particulier : la progressivité de la réforme, la suppression de la clause couperet qui contraint certains salariés des régimes spéciaux à partir en retraite alors qu'ils souhaitent poursuivre leur activité et atteindre un meilleur taux de pension, la prise en compte des contraintes diverses constituant la pénibilité des métiers, ainsi que la garantie d'un pouvoir d'achat revalorisé pour les salariés qui vont partir en retraite... " En attendant, il ne s'agit pas de lâcher la proie pour l'ombre ", a averti Jacques Voisin à l'issue de sa dernière rencontre avec le ministre du Travail : les préavis de grève en cours doivent donc être suspendus aux résultats de la négociation.

Place à la négociation : Une nouvelle rencontre avec Xavier Bertrand a eu lieu la semaine dernière au beau milieu des grèves. Jacques Voisin lui a demandé de " donner du contenu " aux négociations, en particulier en matière de pouvoir d'achat, pour compenser tes effets financiers négatifs de cette réforme. Dans un courrier adressé par Xavier Bertrand daté du 14, le gouvernement s'est engagé à participer à des négociations tripartites (entreprise, organisation syndicale, État) qui devront aboutir d'ici à un mois.

Paroles de (non) grévistes

La CFTC de la RATP était mobilisée le 18 octobre. Elle a choisi finalement de lever son préavis cette-fois-ci car " le gouvernement a entendu nos revendications. Il a assoupli son projet afin de limiter les effets de la décote. On aurait perdu sinon de 20 à 30 % de notre pension ", précise Jean-François Umbria, délégué syndical central CFTC de la RATP. L'effet double peine - travailler plus pour gagner moins - le gouvernement l'a bien compris. Alors c'est malhonnête d'envoyer les gens au conflit alors que des améliorations ont été apportées et que le cadrage est moins pénalisant. Et puis on a obtenu des garanties de l'entreprise. Il faut faire avancer les choses. Il y a des paramètres incontournables : s'il faut passer de 37,5 annuités à 40 malgré tout on le fera pour préserver notre régime de retraite, même si deux ans et demi ce n'est pas rien pour nous. " À la SNCF, on n'emprunte pas tout à fait les mêmes rails puisque les cheminots CFTC ont fait grève le 14 et l'ont reconduite le 15. " La grève du 18 octobre était une grève carrée. Il y avait une bonne stratégie et ça a payé : près de 75% de grévistes, c'est historique, explique Christophe Achoub, responsable syndical CFTC Thionville Nord Lorraine. Au départ de ma carrière, poursuit le militant, j'ai décidé de faire un métier dur et s'il n'y avait pas de contreparties, j'en aurais changé. C'est pour cela que je n'accepte pas que mon contrat de travail soit modifié en cours de route et que j'ai fait grève. Le 18 octobre a donné un premier aperçu au gouvernement de nos intentions. Ce que les cheminots estimaient inacceptables le 14 (des négociations en entreprise sans revenir sur le cadre global fixé par le gouvernement) et contre lequel nous étions mobilisés a été déclaré négociable par le leader de la première confédération à la SNCF Cela a provoqué la colère des cheminots qui ont eu l'impression d'être trompés. On a donc reconduit la grève jusqu'au 19 ". À EDF, enfin, la situation est différente, une heure de grève a été observée afin que les grévistes CFTC soient comptabilisés en tant que tels. " Nous voulons nous afficher négociateurs avant tout ", souligne Stéphane Dubois président IEG-CFTC de Rennes et de la branche commerce d'EDF. Le militant craint cependant " que ces négociations soient difficiles car les conditions de travail dans certains de nos métiers (sur les plateaux d'appel notamment) ne pourront convenir au plus de 50 ans qui travailleront toujours ".