Points de vue sur l'actualité

" Subprimes " : spéculer n'est pas jouer

"Le malheur est dans le prêt", pour reprendre le titre du récent reportage de l'émission Complément d'enquête sur France 2 consacré à la crise des subprimes. La vague spéculative immobilière a déjà menacé une première fois, cet été, de déferler sur l'Europe et sur le reste du monde. Les analystes financiers parlaient alors de "crise de confiance". La BCE pour calmer le marché a dû injecter près de 100 milliards d'euros à la mi-août. Jean-Claude Trichet aux mannettes essaie de limiter la casse. Les files d'attente de particuliers venus sauver leurs quelques livres sterling devant une banque anglaise au bord de la banqueroute rappellent celles de 1929 et certains commencent à agiter le spectre d'un krach boursier. La crise des subprimes n'est pas finie. Ce mois-ci deux Pdg (celui de Citygroup et de la banque d'affaires Merrill Lynch) ont démissionné ou été démis de leur fonction suite aux pertes colossales enregistrées par leurs groupes et directement liées aux subprimes. Mais le plus scandaleux dans cette hystérie spéculative se sont les perturbations qu'elle engendre dans la vie réelle. Outre-Atlantique certains commencent à payer au prix fort la facture. La bulle spéculative a fait basculer les vies de centaines de milliers de ménages américains. Leur tort? Vouloir tout simplement mieux loger leur petite famille. Sans cesse, les organismes de crédits leur ont assuré que la maison de leur rêve était à portée de leur porte-monnaie. Sans réelles garanties, les banques ont accordé des crédits - certains organismes gonflaient les fiches de paie pour que les banques acceptent sans sourciller ces prêts hypothécaires à risque. Mais les mensualités des crédits négociés à taux très bas - mais variables - ont vite doublé voire triplé. Ces ménages se sont alors retrouvés dans l'incapacité de pouvoir rembourser. Floués, ruinés, ils ont du refaire un crédit ou revendre leur maison, souvent à perte, pour éviter le pire. Certaines entreprises commencent à jouer le jeu de la responsabilité sociale, pourquoi le marché financier et les spéculateurs seraient-ils les seuls à ne pas s'y prêter ? Les gens ordinaires en ont marre de payer les pots cassés !